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Dix disques. Ceux qu’Arto Lindsay, guitariste et chanteur, emporterait sur son île déserte («quelle horreur!»). Foncièrement créatif et inclassable, il est une des stars de la constellation new-yorkaise «d’avant-garde permanente». Il est aussi un producteur éclairé pour ses amis brésiliens Caetano Veloso, Marisa Monte, Vinicius Cantuaria et, récemment, le bloco afro Ilé Ayé de Salvador de Bahia.

Miles Davis « On The Corner »

C’est un disque qui a marqué ma vie et influencé énormément ma musique. C’est le mélange d’un groove emprunté à Sly & The Family Stone et de préoccupations harmoniques alimentées par son rapprochement avec la musique classique et contemporaine. C’est un disque très chaud et à la fois très réfléchi, qui marque un changement important dans la musique de Miles et établit un cadre de référence dans la musique improvisée.

João Gilberto « Disco Branco »

En général, les gens ne comprennent pas le sens de la bossa nova. Elle n’est pas l’expression de la saudade, ni de la mélancolie. Elle est arrivée à une nouvelle conjonction entre discipline et liberté. La concentration extrême de João Gilberto pour arriver à cette nouvelle construction harmonico-mélodico-rythmique est ici surhumaine.

Prince « Sign ‘O’ The Times »

C’est probablement le plus haut moment atteint par Prince. Il est un musicien très expérimental, qui a osé des choses très intéressantes avec ce disque. Il y joue un thème absolument hors du tempo!

Caetano Veloso « Joia »

C’est une expression très concentrée de l’art de Caetano. Ce fut en écoutant cet album que j’ai trouvé des analogies et similitudes entre la musique et la sculpture. Quelque chose que j’avais pressenti avec la musique concrète, et que j’ai confirmé à travers ces chansons. C’est un disque très raffiné, très peaufiné, au lyrisme exquis.

Morton Feldman « Piano and String Quartet »

Feldman est un compositeur génial. Cette musique semble statique, mais c’est juste une illusion. C’est une musique contemplative qui, pour moi, a la même fonction que certains travaux de Giacinto Scelsi: aider l’auditeur à percevoir sa propre perception.

Gal Costa « Cantar »

Un disque produit par Caetano. De loin, le meilleur album de Gal. Très bon choix de répertoire, des arrangements parfaits, des musiciens au plus haut niveau. Puis, Gal y chante merveilleusement. Très, très beau.

Bob Dylan « Blood On The Tracks »

C’est un album créé à la fin d’une histoire d’amour, un disque de rupture. Dylan est un grand improvisateur, il devrait faire un concert avec Derek Bailey! Son travail de correspondance entre les paroles et les notes est très créatif.

Sly & The Family Stone « There’s A Riot Goin’on »

J’adore la musique de Sly, et ce disque plus que les autres parce que c’est la rencontre du swing et de la poésie. Là, Sly atteint un état d’équilibre précaire et on peut comprendre combien le bonheur est cher (à payer) pour les Afro-américains. On peut sentir ce côté ironique, acide, douloureux, corrosif, mais aussi le plaisir de la vie, de façon très forte, presque violente.

Zeca Pagodinho « Ao Vivo »

Zeca appartient à une génération des années 70 très différente de la samba actuelle plus commerciale. C’est un roi de la division du tempo, un astre du rythme, dont le phrasé est une véritable folie de plaisir. Il est un sambista qui parle de la vie quotidienne, un chroniqueur social.

Jimi Hendrix « Electric Ladyland »

Toute l’œuvre d’Hendrix est très importante pour moi, et ce disque en particulier. Non seulement par la façon d’exprimer des états de conscience altérés, mais aussi par la recherche de ces états à travers la musique. Pas seulement l’expression de la folie, mais la façon de la découvrir en soi-même.

© vibrations magazine

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