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Au cours d’une grande tournée en Californie (1968-1969), Fela Kuti fait son entrée en politique après la lecture de The Autobiography of Malcolm X que lui a donnée Sandra Taylor, membre des Blacks Panthers. De retour à Lagos en 1971, il change le nom de son groupe en Africa 70, et transforme sa concession, une grande demeure, en une république où il ouvre un night-club, The Shrine (le Sanctuaire).

Fela Kuti Expensive Shit. Installé en plein quartier populaire, Fela Kuti mesure les effets de la corruption sur la vie quotidienne des Nigérians et commence à dénoncer les classes dirigeantes et les régimes militaires qui les soutiennent. La carrière de Fela Kuti est alors semée d’embûches de la part des autorités locales, voyant d’un mauvais œil l’extension de ses activités.

Fela Kuti Expensive Shit

Après une arrestation le 30 avril 1974 pour détention de cannabis et détournement de mineures, le musicien s’isole dans une véritable forteresse. Il fait poser un fil de fer barbelé de quatre mètres de haut autour de ce qu’il appelle désormais la république de Kalakuta – d’après le nom de sa cellule d’emprisonnement -, comprenant des bureaux, un studio d’enregistrement, une clinique et même une prison !

Expensive Shit est l’un des cinq albums sortis par Fela Kuti en 1975, et le quinzième depuis son premier enregistrement, Why Black Man Dey Suffer en 1971.

Expensive Shit (F. Kuti)
Fela Kuti Expensive Shit

L’origine du titre de cet album, Fela Kuti Expensive Shit, composé de deux morceaux de 13 et 11 minutes est devenue légendaire : en 1974, la police débarque chez Fela Kuti avec un mandat de perquisition et un joint d’herbe afin de le discréditer.

Mais Fela, qui a compris la manœuvre, s’empare du joint et l’avale. Les policiers l’amènent alors au pénitencier afin d’attendre qu’il expulse l’objet du délit par les voies naturelles. Avec la complicité des prisonniers, Fela substitue ses excréments à ceux d’un autre détenu – et il est libéré.

L’incident l’inspire et donne son titre à ce disque puissant qu’est Fela Kuti Expensive Shit, au tempo d’acier dominé par la batterie de Tony Allen, batteur historique de l’afrobeat, et agrémenté de trois saxophones.

Fela Kuti
Fela Kuti Expensive Shit

Les ryhthmes y sont obsédants offrant une assise idéale à des cuivres rutilants, l’élan du clavier sur le titre Expensive Shit, la fanfaronnade de cuivres sur Water Get No Enemy, et le charisme toujours étourdissant du maître de cérémonie.

L’humour pince-sans-rire de Fela s’exprime dès le petit texte expliquant l’épisode du joint avalé : « Les hommes en uniforme prétendaient que j’avais avalé une certaine quantité d’herbe, ma merde a été envoyée au laboratoire pour une série de tests. Résultat : négatif. Ce qui nous amène à de la… merde coûteuse ». Et au verso, trois photos en noir et blanc montrent la star allongée sur une peau de bête, fumant un joint.

Prolifique, Fela multipliera les enregistrements, sortant jusqu’à huit albums pour la seule année 1976.

Sources : https://pitchfork.com – www.music-story.com – www.roughtrade.com – http://kalakutaprod.org –

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CREDITS :

Enregistré en 1975 – Arc Studios  – Lagos (Nigeria) – Wrasse Records

 

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