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Musicien autodidacte, Jean Claude Vannier apprend les rudiments de l’orchestration en potassant un « Que sais-je ? » à l’époque où il est encore ingénieur du son, notamment pour des musiciens arabes : l’influence de leur musique sera déterminante dans son écriture des arrangements de cordes.

J’eus la chance de rencontrer le flûtiste Roger Bourdin, qui me pistonna comme assistant à la prise de son aux studios Pathé Marconi, pour pouvoir payer ma flûte. Mais après avoir monté en boucle l’enregistrement des couacs de la jolie twisteuse d’un producteur, et jeté ses bonnes prises à la poubelle, on m’a rétrogradé aux accordéons : Valses musettes et paso dobles. Le balloche jour et nuit. Comme je passais mon temps à m’exercer sur le Steinway du studio, nouvelle bévue, nouvelle punition: cette fois je fus condamné “aux arabes”, à l’époque çà n’était pas réellement valorisant, (la guerre d’Algérie venait juste de finir) mais moi, j’étais ravi, car j’adorais cette musique.

Jean Claude Vannier

Comme de nombreux arrangeurs de génie, Jean Claude Vannier est un homme de l’ombre. Mais peu de gens se rendent compte de l’importance de l’accompagnement musical dans la réalisation d’une chanson. Le culte de l’interprète, la fascination pour les auteurs et compositeurs font oublier que la magie de nombreux enregistrements est due parfois aussi en grande partie à l’originalité des arrangements (idées musicales, mélodiques, rythmiques et harmoniques) et de l’orchestration (choix des instruments pour jouer les arrangements).

Jean Claude Vannier
Jean Claude Vannier

Ainsi, ignorant l’interdit parental et les attraits d’un destin de chef de chœur à l’Amicale des Coquelicots du Bécon Palace, avec en poche un contrat de danseuse que je n’avais pas lu, griffonné en hâte à la fin d’une séance d’enregistrement, j’ai embarqué pour Alger pour débuter à l’hôtel Aletty, comme pianiste, à 18 ans.

Autodidacte, j’ai abordé la composition avec les musiciens d’Alger, puis en écrivant pour Michel Magne et Alice Dona, puisant mes premiers rudiments d’orchestration dans les « you you » de la Casbah et les manuels de la collection « Que sais-je ? »

Jean Claude Vannier

Orchestrateur de Brigitte Fontaine (pour laquelle il compose Il pleut et Je suis inadaptée en 1968 sur le premier album solo de la chanteuse), Jean Claude Vannier signe également les arrangements de Que je t’aime pour Johnny Hallyday, de Tous les bateaux, tous les oiseaux pour Michel Polnareff et de l’album Madame pour Barbara.

Jean Claude Vannier collabore ensuite avec Serge Gainsbourg : ils composent ensemble le mythique album Histoire de Melody Nelson (1971). Toujours en compagnie de Gainsbourg, il réalise plusieurs musiques de films : Cannabis, La Horse, Slogan. Leur collaboration s’achève en 1973 avec le disque de Jane Birkin, Di Doo Dah, sur lequel Vannier compose plusieurs titres seul.

Jean Claude Vannier
Jean Claude Vannier

À la même époque, on trouve son nom sur la pochette d’une foule de disques de variétés françaises, de Mike Brant (Laisse moi t’aimer) à Sylvie Vartan (Aime-moi), en passant par Gilbert Bécaud (M. Winter), ou encore Dalida et Yves Duteil… Il écrit aussi pour Françoise Hardy et surtout Michel Jonasz à qui il offre le tube Super Nana.

On lui doit encore quelques albums pour Claude Nougaro parmi lesquels Plume d’ange et plusieurs collaborations avec Julien Clerc (Petits pois lardons), Enzo Enzo et Maurane (Juste une petite fille et Sur un prélude de Bach).

Pour son premier album en tant qu’interprète (Jean Claude Vannier, 1975), lui, qui orchestrait jusque-là magistralement les chansons des autres, décide d’en confier la direction musicale à l’un de ses confrères non moins talentueux, Michel Bernholc qui lui composera même la musique d’un titre remarqué du disque, Juste un promeneur. Il a enregistré depuis lors une demi-douzaine d’albums solos, en studio ou en public.

Jean Claude Vannier
Jean Claude Vannier

En 2006, il participe à l’enregistrement de Libido, nouveau disque de Brigitte Fontaine.

Jean Claude Vannier dirige, pour la première fois en public, une réinterprétation de Histoire de Melody Nelson et L’Enfant assassin des mouches sur la scène du Théâtre Barbican, à Londres, le 21 octobre 2006.

Après le succès au Theatre du Barbican Londres, le spectacle « L’Enfant Assassin des Mouches & Histoire de Melody Nelson » renouvelle son expérience en France les 22 et 23 octobre 2008 à la Cité de la Musique, avec Claude Engel et Thomas Coeuriot (guitares), Herbie Flowers (basse), Graham Clark (violon électrique), Gérard Bikialo (piano), Pierre-Alain Dahan (batterie), Tanguy Allain (bombarde), Michel Musseau (bruiteur) ; L’Orchestre Lamoureux, le Jeune Chœur de Paris et de nombreux artistes invités : Alain Chamfort, Mathieu Amalric, Daniel Darc, Brigitte Fontaine, Brian Molko, Clotilde Hesme, Martina Topley Bird et Seaming To.

Le 24 octobre 2011, sur le label anglais Twisted Nerve, il publiera un nouvel album de chansons intitulé Roses rouge sang.

Cet article a 2 commentaires

  1. Millet

    Un génie !

  2. LAMBERDIERE

    J’ai suivi la carrière de Jean-Claude depuis ses débuts. Quelle classe ce Monsieur !!!
    Il faudrait 100 pages de plus pour parler plus en profondeur de ce musicien !

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