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Populaire dans les années 30, Cartola sombre à la mort de sa femme et n’est retrouvé que beaucoup plus tard, en 1956, par le journaliste Sergio Porto : il est alors… laveur de voitures ! L’amitié du journaliste ramène Cartola à la vie. Il devient un ambassadeur de la samba des favelas, et ouvre un bistro qui accueille tous les sambistes. Mais si Cartola a composé plus de 500 chansons, interprétées par nombre d’artistes (Elizeth Cardoso, Clara Nunes, Beth Carvalho), lui-même n’enregistrera son premier disque qu’en 1974.

Cartola, c’est les détours que la vie peut parfois prendre. Les disputes avec les dirigeants de Mangueira, une grave méningite qui le laisse diminué, aggravé par le décès de sa femme. Le désespoir noyé dans l’alcool et une passion destructrice pour une femme, Donária l’éloignent pour longtemps du monde de la samba.

Dix années où ses amis sont sans nouvelles de lui et où beaucoup le croient mort. Ce n’est qu’en 1956, à la suite de sa rencontre inopinée avec le journaliste Sergio Porto que Cartola, alors laveur de voiture le jour et vigile la nuit, renoue avec le milieu musical.

Cette renaissance est aussi amoureuse grâce à son union avec une amie d’enfance, Dona Zica, sœur de son partenaire musical de toujours Carlos Cachaça, qui le sort du gouffre et devient l’autre grand amour de sa vie. Renaissance de la samba aussi, plus forte que jamais dans les années 60, quand la jeune garde artistique de la bossa nova se ressource dans la samba qu’on dit désormais “de raiz” (des racines).

Dona Zica et Cartola

C’est justement dans le restaurant Zicartola qu’il ouvre en 1963 avec sa femme, cuisinière à la feijoada fameuse, que se mêlent cette jeunesse et les musiciens des morros. Cette réunion permet la redécouverte des maîtres, les bambas Nelson Cavaquinho, João do Vale, Ismael Silva, Ze Keti, Nelson Sargento et l’émergence d’une nouvelle génération de sambistes, tels que Paulinho da Viola et Elton Medeiros.

L’aventure Zicartola tourne vite court, la gestion d’un restaurant étant sans doute incompatible avec le tempérament d’artiste bohème de Cartola. Mais il est à nouveau devenu un compositeur respecté et chanté par les nouvelles étoiles de Rio de Janeiro que sont Nara Leão et Elsa Soares.

Toute une vie de samba qui nous emmène en 1974, année où Cartola enregistre son premier album, à 66 ans.

Le jeune label de Marcus Pereira réunit la crème des musiciens cariocas, des musiciens qui jouent principalement dans l’ensemble de choro, Regional do Canhôto, et parmi lesquels on retrouve entre autres, Dino à la guitare sept cordes, Copinha à la flûte, Raul de Barros au trombone et Canhôto au cavaquinho. Ce casting d’exception, des arrangements d’une finesse inégalée signés Dino 7 cordas et une production discrète de Pelão, offrent l’écrin à la mesure des compositions de Cartola.

La samba de Cartola n’a jamais rayonnée aussi fort que chantée par lui-même, accompagné de ces grands musiciens complices et tous au service de ses compositions.

Cartola y fait entendre sa samba-canção, cette samba rythmée certes, mais où le rythme accompagne la mélodie. Loin des sambas–enredo de carnaval, mais aussi des sambas de roda, ravivées à la même époque par Candeia.

La samba de Cartola est une samba qu’on peut danser, mais de celles qu’on danserait pour se consoler. Une samba où on rit pour cacher ses larmes (Quem me vê sorrindo), une samba qui parle de la douleur qu’on cache (Disfarça e chora). Mais toujours une samba où pointe l’espoir, de la fin du deuil amoureux, ou du moins de la joie retrouvée (Alvorada, O Sol Nascerá). Une samba qui a pour unique thème l’amour : celui qu’on a perdu (Festa da vinda) ou celui qu’on regrette (Amor proibido). Mais aussi celui qui n’est plus (Acontece) ou qui n’est qu’illusion (Alegria).

Avec le succès, Cartola réussit à acheter sa propre maison, dans la favela da Mangueira, et la peint en vert et rose. C’est là qu’a été prise sa photo la plus célèbre, au côté de Dona Zica, qui figure sur la pochette de son deuxième album.

Sources : http://leiaopalma.com – https://la-musique-bresilienne.fr – www.mondomix.com – http://sambabresil.free.fr – http://bossanovabrasil.fr – http://www.afro-sambas.fr

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CREDITS :

Enregistré les 20 et 21 février, et 16 et 17 mars 1974 aux studios RCA, Rio De Janeiro

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