Certains musiciens incarnent un genre à eux-seuls. Pour le swamp rock, c’est Tony Joe White. En mélangeant subtilement la country, le blues, le rock’n’roll, la soul et le rhythm’n’blues, ce kid de Louisiane a traduit en musique son bayou natal. Chaleur accablante, humidité quasi-sexuelle, poésie boueuse, cuivres bouillants et guitares rugueuses, rien ne manque à l’appel de ce premier LP sorti en 1969.
Le Return to Forever de Chick Corea incarna tellement le jazz-rock au milieu des années 1970 qu'on en oublierait presque ses débuts, plus paisibles, et surtout ses flirts avec la musique brésilienne. Enregistré en octobre 1972 à Londres, ce deuxième opus de Return To Forever est un nouveau sommet de fusion entre jazz, samba et rock.
Certaines chanteuses ont été si peu encombrantes qu'on ne les a pas vu passer. Dans le cas de Susan Christie, la discrétion fut malgré elle poussée à l'extrême : enregistré à Philadelphie entre 1966 et 1968, prévu pour sortir chez Columbia en 1970, l'album Paint a lady disparut aussitôt dans les limbes. Pas assez commercial selon le label. Une ridicule poignée d'exemplaires vinyle en fut pressée puis plus rien. La toute première réédition de cet LP insaisissable et essentiel ne verra le jour qu'en 2006 merci au label Finders Keepers.
En plein âge d'or des nanars "horrotica" sort Vampyros Lesbos en 1971, célèbre film d’épouvante de l’Espagnol Jess Franco, réalisateur connu pour ses nombreux films de Série B. La bande sonore, signée Manfred Hubler et Siegfried Schwab, est une joyeuse partouze kitsch et instrumentale de guitares fuzz, d'orgues hammond et de sitar, un croisement stylistique de psychédélisme, funk, baroque.
Classique presque oublié, l'album éponyme de Lou Bond, sorti en 1974 sur We Produce, une filiale du label Stax, est un pure produit de son époque. Une collection de titres gorgées d'images d'une époque chaotique - injustice sociale, guerre du Vietnam. L'écriture et le chant de Bond, ainsi que ses talents de compositeur et d'arrangeur, en font un album rare où la musique et le message sont en parfaite harmonie.
Coupe afro de rigueur, cuissardes en argent, minishort et sourire ravageur, Betty Davis rayonne comme un soleil d’ébène sur la pochette de son premier album homonyme. Aidée par la section rythmique de la Family Stone, ainsi que par une poignée de musiciens confirmés, membres de Santana, Tower Of Power ou des Pointer Sisters, elle enregistre Betty Davis, qui paraît en 1973.
Lorsqu’il fonde le groupe de jazz-funk Cortex en 1974, Alain Mion est loin de se douter qu’il deviendra une véritable source d’inspiration pour les rappeurs outre-Atlantique. Enregistré en deux jours et paru en 1975, le premier album « Troupeau Bleu » est devenu culte au fil des ans, et s’est vu redécouvrir notamment grâce au hip-hop, qui l’a abondamment samplé de Madlib à MF Doom, et plus récemment, Rejjie Snow.
C’est une histoire surprenante, Shuggie Otis, un “fils de” qui enregistre trois albums sublimes et s’évanouit. Exhumé par le leader des Talking Heads David Byrne, "Inspiration Information", splendide LP de funk avant-gardiste marquera l'apogée de la fulgurante carrière musicale du prodige.
D’abord connu sous le patronyme de Blue Rivers and the Maroons, Demon Fuzz ou les « enfants du diable » livre en 1970 un LP intitulé Afreaka ! comme un cri multiculturel rappelant la richesse de leurs influences Funk, Soul, Afrobeat, Jazz, Rock Psychédélique, Blues, etc. La combinaison est subtile, inédite, surprenante. Comme Cymande, autre groupe de funk britannique tout aussi culte, Demon Fuzz possédait bien des qualités pour percer. L’histoire en voudra autrement.
Idris Muhammad représente un cas à part dans l'histoire de la musique noire. Peu connu des amateurs de jazz jusqu'à sa collaboration avec Ahmad Jamal, il a mené une double carrière tant dans le jazz que dans la musique populaire. Sorti en 1977, “Turn This Mutha Out”, est une de ces pépites oubliées des glorieuses 70's totalement décomplexées et taillées pour la danse, ne négligant pas pour autant le geste musicien à commencer par la friandise discoïde qui ouvre l’album, Could Heaven Ever Be Like This.
Parmi les productions de jazz fusion nippone, l’opus instrumental de Jiro Inagaki & Soul Media Funky Stuff atteint des sommets. Cet album jazz-funk qui se veut résolument afro-américain, allie l'éclat du jazz rock et l'élasticité de la great black music.
Si la musique d’Arthur Verocai n’avait pas été samplé par des rappeurs et autre crate-diggers tels Ludacris ou Snoop Dogg, son unique disque serait peut-être resté ce « géant endormi ». Savant mélange de jazz, funk, rock, bossa nova et de discrètes touches psychédéliques, l'unique album solo d'Arthur Verocai défie à la fois les conventions musicales de l’époque et la censure.
Doté d'une voix de baryton riche et expressive, ses chansons sont des récits poétiques empreins d'espoir, d'harmonie et de spiritualité. Des paraboles d'un amour perdu, d'un amour retrouvé et de relations pleines de promesses. Avec un style qui n'appartient qu'à lui, il mêle R&B, pop, soft jazz à des rythmes caribéens et brésiliens. Une tempête tropicale tranquille.
Get Carter (La loi du Milieu) est un de ces films dits cultes qui semblent être avant tout parlants pour une génération donnée dans un pays donné : un film respirant l'Angleterre à chaque moment, une "anglicité" - ici populaire et sordide - inimitable. Passé un peu inaperçu à sa sortie en 1971, Get Carter est devenu trésor national britannique au milieu des années 90. La bande sonore tout aussi culte signée Roy Budd met en avant les bruits d’ambiance et la présence éparse de thèmes lancinant et minimalistes.
Considéré comme l'un des protagonistes du jazz rock en Allemagne, le guitariste et compositeur Volker Kriegel a joué un rôle décisif dans l'établissement et le développement de ce style en Europe. Se situant quelque part entre Pat Metheny, John Scofield, ou John McLaughlin, Kriegel a exploré un large éventail de sons acoustiques et électriques s'ouvrant à de nombreux univers de "musique du monde", cultivant parfois un son de sitar ou un esprit folk.
En 1973, Gil Scott-Heron vient d’enregistrer deux albums pour Flying Dutchman, Pieces Of A Man et Free Will, qui comptent parmi ses plus réussis. Mais le torchon brûle avec Thiele. Après que le producteur a refusé de faire figurer à côté de son nom celui de son alter ego de toujours Brian Jackson, Gil prend ses cliques et ses claques et enregistre avec Brian un album pour Strata East
Cofondateur du Band of Gypsys avec Jimi Hendrix, Buddy Miles a largement contribué au mouvement rock psychédélique des 60's et 70's. Son style unique mêlant funk, soul, jazz et rock a servi d'inspiration et d'influence à ses contemporains et aux générations suivantes. En témoigne son troisième album solo Them Changes.
Si le film d'animation la Planète sauvage a prit un sacré coup de vieux, la musique, elle, s'est formidablement bonifiée avec le temps ! Signée Alain Goraguer, cette bande sonore psychée n’a jamais disparu des radars et s’échange de blog en blog, tenu pour un sommet du genre psychédélique à la française et un moment inspirant pour les musiques électro.
The Pretty Things, ou l’histoire de rendez-vous manqués… Au moment où sort cet album, cinq ans après leurs débuts discographiques « The Pretty Things », un premier album composé de reprises de Rhythm’n’Blues américain, le groupe de Phil May et de Dick Taylor a déjà connu de nombreuses péripéties.
En 1977, c'est depuis Birmingham, la capitale des Midlands, que vient la meilleure réponse de la communauté jamaïquaine aux punks londoniens. Son nom : Steel Pulse, une pulsation d'acier mise au service des riddims les mieux aiguisés. Même rage au ventre, même envie d'en découdre avec le National Front, ces enfants d'immigrés inventent une autre façon de jammer, plus rauque, plus fonk, pas moins reggae.
Tout le monde connaît Krzysztof Komeda...sans le savoir. Oui, tout le monde a vu Rosemary’s baby, ou presque. Mais peux connaissent l’auteur de l’intrigante musique du film de Polanski, la berceuse du générique susurrée par une sensuelle voix féminine, n’était autre que le taciturne et charismatique Komeda, Polonais d’origine, venu à Hollywood à la demande de son grand ami et déjà star Roman Polanski.
Après un premier album au succès mitigé, Fox, Walsh et Peters - The James Gang- retournent sans tarder en studio en novembre 1969. C’est au Record Plant de Los Angeles, studio d’enregistrement ultra moderne et toujours sous la houlette de Bill Szymczyk, que nos compères gravent ce chef d’œuvre bicéphale, une première partie électrique et une seconde semi-acoustique.
Malgré sa réticence pathologique à se produire en public, c'est durant l'une de ses prestations à Cambridge que Nick Drake est repéré par un membre des Fairport Convention : Ashley Hutchings qui le dirige logiquement vers son producteur Joe Boyd. Référent de la scène folk-rock britannique à l'époque, Joe Boyd produit alors Fairport Convention mais aussi l'Incredible String Band.
Sur Pop Pop comme sur ses précédents albums, Rickie Lee Jones évoque dans ses chansons personnages et expériences rencontrés au fil d'une existence mouvementée. Sa voix très expressive, mi-chantée mi-parlée, et sa musique, pleine d'allusions au jazz des années 40 et au cabaret, l'ont souvent fait comparer à Tom Waits.
En duo, pour ne pas dire en complète osmose, avec son compatriote Johnny Dyani, le pianist sud-Africain Abdullah Ibrahim (ex Dollar Brand), nous invite à une grande leçon d'émotion, de retenue et de sérénité. Durant les années d'exil, la comunauté sud-africaine n'a jamais cessé d'informer le monde de l'ame véritable de son pays.
Sam Cooke vient d'obtenir un nouveau contrat chez RCA qui lui permet d’entrevoir sa carrière d’une façon plus audacieuse en ayant le contrôle total de ses enregistrements. C’est ainsi qu’en décembre 1963 sort l’album Sam Cooke Night Beat. L’œuvre surprend par son traitement instrumental, minimaliste, Cooke ayant décidé de mettre pour la première fois sa voix en avant. Le résultat est d'une efficacité frappante.
Plus encore que "Gula Matari" (1970, A&M), "Smackwater Jack" marque un tournant dans la discographie de Quincy Jones : c’est la première fois qu’il s’essaye à autant de styles en à peine 42 minutes. Jazz, blues, pop, gospel, musique de film. Quincy Jones combine tous ses savoir-faire avec une confondante facilité, au risque de tomber dans le piège du disque-catalogue, qu’il évite cependant grâce aux efforts combinés de trois producteurs : Phi Ramone, Ray Brown et Jones lui-même.
En 1968, alors qu'elle est invitée au festival de Monterey pour son deuxième concert, elle se fait huer et jeter de scène. On imagine bien le public hippie s’insurger contre la poésie de ses textes qui introduisent parfois des figures de l'Ancien Testament, comme dans Eli's Comin, où l'amant apparaît sous la forme d'un ange.La même année, Laura Nyro enregistre son deuxième album intitulé "Eli And The Thirteenth Confession".
Sorti en mars 1973, What Color Is Love, troisième LP de Terry Callier représente un des sommets de sa carrière. Produit par Charles Stepney, dont le travail avec Cadet/Chess records, Rotary Connection et Earth, Wind & Fire lui ont valu une certaine reconnaissance, What Color Is Love regorge d'influences Funk, Rock, Folk, Jazz et même Classique.
Si l'album de Scott Walker Scott 4 a provoqué des réactions diverses à sa sortie et a été retiré des bacs quelques semaines après, il a depuis été réévalué par la critique grâce à son influence sur David Bowie, Nick Cave, Mark Almond et Neil Hannon de Devine Comedy. Il est aujourd'hui légitimement réédité. Sa richesse sonore et son envergure extraordinaire ont de quoi ébahir les générations à venir.