Malgré sa réticence pathologique à se produire en public, c’est durant l’une de ses prestations à Cambridge que Nick Drake est repéré par un membre des Fairport Convention : Ashley Hutchings qui le dirige logiquement vers son producteur Joe Boyd. Référent de la scène folk-rock britannique à l’époque, Joe Boyd produit alors Fairport Convention mais aussi l’Incredible String Band.
Pop Pop (Rickie Lee Jones), cerise amère sur gâteau sans crème ni édulcorants
Sur Pop Pop comme sur ses précédents albums, Rickie Lee Jones évoque dans ses chansons personnages et expériences rencontrés au fil d’une existence mouvementée. Sa voix très expressive, mi-chantée mi-parlée, et sa musique, pleine d’allusions au jazz des années 40 et au cabaret, l’ont souvent fait comparer à Tom Waits.
Echoes From Africa (Abdullah Ibrahim / Johnny Dyani), solitude partagée entre Sud-Africains
En duo, pour ne pas dire en complète osmose, avec son compatriote Johnny Dyani, le pianist sud-Africain Abdullah Ibrahim (ex Dollar Brand), nous invite à une grande leçon d’émotion, de retenue et de sérénité. Durant les années d’exil, la comunauté sud-africaine n’a jamais cessé d’informer le monde de l’ame véritable de son pays.
Night beat (Sam Cooke), l’album le plus intimiste du soul man
En 1960, Sam Cooke signe un contrat avec la maison de disques RCA et infléchit l’orientation pop de ses disques. Les nouveaux titres — « Chain Gang » (1960), « Cupid » (1961) et « Another Saturday Night » (1963) déchaînent toujours autant les passions.
Light As A Feather (Chick Corea), un album à part dans la discographie du maitre
Le Return to Forever de Chick Corea incarna tellement le jazz-rock au milieu des années 1970 qu’on en oublierait presque ses débuts, plus paisibles, et surtout ses flirts avec la musique brésilienne. Nul doute que la voix suave et légèrement fausse de Flora Purim ainsi que les percussions d’Airto Moreira aient contribué à l’atmosphère envoûtante de ce disque.
Smackwater Jack (Quincy Jones), une dream team de musiciens jazz triés sur le volet
Plus encore que « Gula Matari » (1970, A&M), « Smackwater Jack » marque un tournant dans la discographie de Quincy Jones : c’est la première fois qu’il s’essaye à autant de styles en à peine 42 minutes. Jazz, blues, pop, gospel, musique de film.Quincy Jones combine tous ses savoir-faire avec une confondante facilité, au risque de tomber dans le piège du disque-catalogue, qu’il évite cependant grâce aux efforts combinés de trois producteurs : Phi Ramone, Ray Brown et Jones lui-même.
Dream Letter, Live In London (Tim Buckley), un jazz-folk aussi lyrique qu’expérimental
Après deux disques, Tim Buckley (1966) et surtout Goodbye And Hello (1967), qui firent de lui une des grandes figures du folk post dylanien, le jeune californien Tim Buckley, à la voix exceptionnelle, commence à faire parler de lui outre-Atlantique, entraînant la BBC à diffuser le premier concert de l’artiste sur le sol britannique, le 1er juillet au Queen Elizabeth Hall de Londres.
Recital na Boite Barroco (Maria Bethania), une nymphe un brin sorcière
Ce disque présente un concert enregistré à Sâo Paulo en pleine vague tropicãlia, sans en avoir la moindre des caractéristiques.Même l’impudique pochette ne doit rien au fantasque ou à la légèreté des hippies, mais plutôt à l’idée – plus littéraire – que l’on peut se faire d’une nymphe un brin sorcière, au regard plus grave que suave. Cet imaginaire, Bethânia le met au service de son chant ombrageux et exigeant.
Eli And The Thirteenth Confession (Laura Nyro), mélodies vagabondes et ensoleillées
En 1968, alors qu’elle est invitée au festival de Monterey pour son deuxième concert, elle se fait huer et jeter de scène. On imagine bien le public hippie s’insurger contre la poésie de ses textes qui introduisent parfois des figures de l’Ancien Testament, comme dans Eli’s Comin, où l’amant apparaît sous la forme d’un ange.La même année, Laura Nyro enregistre son deuxième album intitulé « Eli And The Thirteenth Confession ». Elle n’a alors que 21 ans. Dans une certaine mesure cette maturité précoce reflète toute la richesse de sa personnalité, pleine, complexe dans son rapport à la musique, en éternelle remise en question.
La B.O. de Roy Budd Get Carter, objet de culte certifié
Longtemps indisponible — une rare édition japonaise du 33 tours sorti sur le label Odeon en 1971 —, la bande originale de Get Carter est devenue, au fil du temps, aussi populaire que son support filmé.On oubliera le remake navrant de Stephen T. Kay où Sylvester Stallone patauge dans le rôle créé par Michael Caine pour redécouvrir l’œuvre originale, un parangon du film noir à l’anglaise.
Lou Bond (Lou Bond), premier et unique LP du soulman
Après avoir sorti des limbes l’inoubliable Rodriguez, les limiers du label Light in the Attic mettaient la main sur un autre trésor, l’unique album de ce Lou Bond inconnu au bataillon, et dont la découverte fut presque autant violente.Originaire de Memphis, Ronald Edward Lewis tenta d’abord sa chance vers le nord, mettant le cap sur Chicago tandis qu’il adoptait le sobriquet Lou Bond.
What Color Is Love (Terry Callier), un chant capiteux charriant des trésors d’humanité
Contrairement aux réussites de ces artistes Chess, les premiers travaux de Callier restent confidentiels. La faute à une étiquette folk trop restrictive, mais également la conséquence d’un acte indélicat faisant partie des « traditions » du music business des années 1960 : The New Folk Sound Of Terry Callier, son premier album solo, ne sera publié par l’enseigne Prestige qu’en 1968, soit quatre ans après sa réalisation initiale.
Scott 4 (Scott Walker), la pièce maitresse du crooner pop
Si l’album de Scott Walker Scott 4 a provoqué des réactions diverses à sa sortie et a été retiré des bacs quelques semaines après, il a depuis été réévalué par la critique grâce à son influence sur David Bowie, Nick Cave, Mark Almond et Neil Hannon de Devine Comedy. Il est aujourd’hui légitimement réédité. Sa richesse sonore et son envergure extraordinaire ont de quoi ébahir les générations à venir.
Inspiration Information (Shuggie Otis), splendide LP de funk avant-gardiste
1974. Shuggie Otis, fils d’une légende des débuts du rock Johnny Otis, sort son troisième album, « Inspiration Information », splendide LP de funk avant-gardiste, après les intéressants « Here Comes Shuggie Otis » et « Freedom Flight ».
B.O. de « l’affaire Thomas Crown » (Michel Legrand), presque un film musical
« J’arrivais en Amérique dans le but de vivre de nouvelles aventures après dix ans de cinéma français avec la Nouvelle vague ». Quatorze ans après ses débuts de compositeur pour l’image avec les Amants du Tage (1954) d’Henri Verneuil, Michel Legrand, encore auréolé du formidable succès des Parapluies de Cherbourg et des Demoiselles de Rochefort, se donne le challenge de l’Amérique.
Chelsea Girl (Nico), LP envoûtant aux intonations lugubres, quasi gothiques
Installée à New York depuis peu, Nico s’intègre vite dans le petit monde de l’avant-garde, où elle devient l’une des protégées d’Andy Warhol. Celui-ci lui offre le premier rôle dans son film vérité Chelsea Girls, avant de l’imposer, littéralement, comme chanteuse à son groupe fétiche, le mythique Velvet Underground.
Rides again (The James Gang), chef d’œuvre bicéphale
Après un premier album au succès mitigé, Fox, Walsh et Peters – The James Gang- retournent sans tarder en studio en novembre 1969. C’est au Record Plant de Los Angeles, studio d’enregistrement ultra moderne et toujours sous la houlette de Bill Szymczyk, que nos compères gravent ce chef d’œuvre bicéphale, une première partie électrique et une seconde semi-acoustique.
Cold fact (Sixto Rodriguez), premier LP du sugar man
Cold Fact, produit en 1969 et sorti l’année d’après sur un tout nouveau label subsidiaire de Buddah Records, Sussex, fut un des plus obscurs bides et l’un des disques les plus rares de la période. Même pas rare, en fait, puisque personne ne le cherchait, ne figurant sur aucune «liste» de collector.
Oedipus Schmoedipus (Barry Adamson), de la soul cinématographique
Quand « Oedipus Schmoedipus » sort en 1996, cela fait déjà dix ans que Barry Adamson vole de ses propres ailes. De Moss Side story (1989) à Soul Murder (1992), ses premiers albums sont une suite de bandes originales pour films imaginaires, toutes inspirées d’une passion intime pour la véritable musique de film.
Placebo years (Marc Moulin), de l’électro-jazz 70’s ultra créative
Pionnier du jazz fusion en Europe, le Belge Marc Moulin est marqué par Miles Davis, Soft Machine et les formations aventureuses de la fin des années 1960. Après quelques années passées à sillonner l’Europe en tant que pianiste, il forme Placebo en 1969, alors que les musiques pop et le jazz commencent à s’agréger et à laisser la place à des compositions de plus en plus libres. Influencé par la trompette de Miles Davis et le clavier d’Herbie Hancock, Placebo enregistre ses premières compositions au début de la décennie.