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Enregistré à Cologne lors de la tournée européenne de 1992, l’album Life on planet groove contient des titres (devenus des classiques), exécutés par un line up explosif. De cet album sort un slogan qui définit bien les ingrédients de sa musique : « 2% Jazz, 98% Funky Stuff ! ». Maceo Parker sait manipuler avec précision ces ingrédients pour rendre son funk encore plus accessible : le bon équilibre entre la rigueur acquise à l’école Brown et le fun pratiqué à l’école Clinton.

« Maceo, I want you to blow » lui disait James Brown lors de ses concerts ! Et souffler dans son saxophone, Maceo Parker n’a jamais cessé de le faire depuis son entrée dans l’orchestre du Godfather of soul en 1964. Il lui a fallu beaucoup de talent, d’audace, de ténacité et d’abnégation pour faire de lui ce qu’il est devenu. L’artiste a d’ailleurs très vite démontré (dès ses débuts) qu’il était un atout indispensable au funk naissant de Mr. Brown.


Maceo Parker Life on planet groove

Sa place incontournable ne l’empêche pas, lassé de l’autoritarisme et des retenues de salaire imposées par son boss, d’organiser une fronde et de quitter finalement une première fois le sérail pour lancer son propre projet en 1970 : Maceo & All The Kings Men.

D’excellente facture, le premier album Doing their own thing précédé par un single « Got to get’cha » qui fait une courte apparition dans les charts soul ne rencontre pas le succès escompté. Deux ans plus tard, Funky music machine passe encore plus inaperçu.

On apprendra finalement que James Brown, payait les radios pour que ne soient pas diffusés les titres de Maceo ! Ce dernier n’a d’autres choix finalement que de réintégrer les rangs de Mister Dynamite en 1973.

Maceo Parker and The JB’s

En tentant de lui laisser une place plus prépondérante dans les JB’s aux côtés de Fred Wesley et tout en maîtrisant tous les contours, l’album US sort en 1974 sous le nom de Maceo & The Macks (accompagné en fait par Mr. Brown et The JB’s).

En 1976, les JB’s quittent le navire en pleine gloire. Ils rejoignent George Clinton, réputé pour ses extravagances vestimentaires et musicales. Sept années durant, Maceo Parker joue les invités de marque sur les albums de Parliament et Funkadelic. Il prête également son talent au Bootsy’s Rubber Band, fondé par Bootsy Collins, l’ancien bassiste de James Brown.

Mais au début des années 80, bien qu’étant toujours présent sur différentes sessions studios ou quelques concerts d’autres artistes, la présence du talentueux saxophoniste se fait plus confidentielle.

James Brown and the JB’s

L’heure de la pré-retraite a sonné ? Nous sommes en 1985. Le funk a de moins en moins la côte. Maceo revient à ses premiers amours et rejoint un James Brown à la peine, sauvé de l’oubli par Living in America.

Les deux musiciens cachetonnent sur les scènes européennes et enchaînent laborieusement les vieux standards avant que ce cher monsieur Brown ne soit mis à l’ombre par la justice américaine. A cet instant, Maceo est reconnu comme un « sideman », une référence pour ceux qui le connaisse en tant que saxophoniste de telle ou telle vedette.

Pourtant, au début des années 90 le vent tourne Outre-Atlantique. Depuis le milieu des années 80’s le hip-hop a largement samplé James Brown et ses musiciens et dans l’univers soul-funk, la tendance est au retour à la musique acoustique jouée par de vrais musiciens, comme le montre l’arrivée de l’acid jazz au Royaume-Uni. Rien d’étonnant à ce que des artistes tels que Maceo Parker reviennent sur le devant de la scène.

Maceo Parker Life on planet groove
Maceo Parker Life on planet groove

C’est Minor Music, le label allemand de Stephan Meyner, qui décide de relancer sa carrière en 1990 avec Roots Revisited et Mo’ Roots, deux albums distribués aux USA sur le prestigieux label de jazz Verve.

Son style mêlé de R&B, de funk et de jazz séduit au delà du sérail des fans de musique afro-américaine. La critique demeure dubitative. Qu’importe, les albums se multiplient. 

Quand on demande à Maceo si son style ne risque pas de lasser il rétorque aussi sec :

« Du café, c’est du café, c’est invariable et tu n’aimes pas être déçu au moment du café. Maceo, c’est pareil ! Du Maceo, c’est du Maceo et tu n’aimes pas être déçu par son goût, sa saveur ».

Il part alors en tournée, notamment aux USA et en Europe, et se rend compte qu’un public éclectique de tous âges est au rendez-vous ! C’est dans ce contexte que va être enregistré le live Life on Planet Groove, les 5, 6 et 7 mars 1992 au Stadtgarten Restaurant de Cologne.

Maceo Parker Life on planet groove
Maceo Parker Life on planet groove

Life on Planet Groove restera une référence pour les fans, un véritable succès qui booste littéralement sa carrière.

Enregistré à Cologne lors de la tournée européenne de 1992, l’album Life on planet groove contient des titres (devenus des classiques), exécutés par un line up explosif.

Les gardiens du temple Maceo et Pee Wee Ellis au sax, Fred Wesley au trombone, mais aussi une jeune section rythmique solide et imaginative : Kenwood Dennard à la batterie (un temps aux cotés du bassiste Jaco Pastorius), Larry Goldings à l’orgue Hammond B-3 et Rodney Jones à la guitare.

A ça s’ajoutent quelques guests de choix comme Kym Mazelle au chant, une des égéries des chanteuses à voix dans l’univers dance/house de l’époque, Vincent Henry bassiste et saxophoniste du groupe culte de funk 80’s, Change, ou encore la jeune saxophoniste alto néerlandaise Candy Dulfer alors âgée de seulement 22 ans mais qui a déjà quelques trophées à son actif : un tube avec Dave Stewart (« Lily Was here »), un premier album solo (Saxuality) et sa participation sur les albums de plusieurs stars (Prince, Aretha Franklin, Van Morrison…).

De cet album sort un slogan qui définit bien les ingrédients de sa musique : « 2% Jazz, 98% Funky Stuff ! ». Maceo sait manipuler avec précision ces ingrédients pour rendre son funk encore plus accessible : le bon équilibre entre la rigueur acquise à l’école Brown et le fun pratiqué à l’école Clinton.

Maceo Parker Life on planet groove
Maceo Parker Life on planet groove

En ouverture, le titre « Shake Everything You’ve Got » (14 minutes), réinterprétation de son titre « Southwick », paru pour la première fois en 1970 sur son album Doing their own thing et repris en 1990 sur l’album Mo Roots, donne le ton. Le public riposte immédiatement, la communion est parfaite.

Le combo enchaîne avec le classique de The JB’s : « Pass The Peas » pour une version d’anthologie. Les riffs de cuivre vous entraînent dans un tourbillon ininterrompu de pur plaisir. Au milieu du morceau, un extrait du « P-Funk (Wanted to get funked up) » de Parliament, nous rappelle que Maceo a aussi écrit un pan de l’histoire du Pure Funk auprès de George Clinton !

Suit « Got to get U », « Children’s world » -, des compositions de James Brown – « I got you » (« I feel good ») interprétée par Miss Kym Mazelle, ou encore « Lovin’ Machine » (« Sex machine ») qui conclut « Soul Power », dernier morceau de l’album, ou des interprétations de standards comme «Georgia on my mind » chanté par Maceo Parker. Même les titres plus lents garderont la foule en haleine jusqu’à la fin.

Le paroxysme musical est atteint avec le final, une réinterprétation du « Soul Power 74 » sous le nom de « Soul Power 92 » thème repris par l’ensemble du funkband : riffs incisifs, mise en place, syncopes, cocottes guitaristiques inscrivent le rythme dans le corps même : « Shake everything you’ve got ! ».

Life on planet groove deviendra un album culte au fil des ans et l’entrain de Maceo Parker à explorer les quatre coins de la planète pour prêcher la bonne parole du funk lors de concerts épiques dépassant parfois les trois heures lui permettra à chaque fois d’augmenter le nombre de ses adeptes, toutes générations confondues.

Dans les années 2000, un certain Prince connu aussi pour sa rigueur artistique et organisationnelle ne s’est pas trompé lorsqu’il l’a invité à enregistrer plusieurs titres sur ses albums et à l’accompagner en tournée !

Source : fonkadelica.com – www.discogs.com – www.levinyleclub.com

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