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David Sánchez Machito’s Afro Cubans (groupe formé en 1940), les créateurs de Cu-Bop, ont eu une influence majeure sur des musiciens tels que Dizzy Gillespie. Gillespie les apprécie tellement qu’en 1975 il les invite à rejoindre son groupe pour enregistrer l’album Afro Cuban Jazz Moods.

Au début des années 1940, en même temps que le be-bop, le trompettiste Mario Bauza et le pianiste Luis Varona, deux Cubains, ouvrent au jazz de nouveaux horizons avec une rythmique qui doit davantage aux danses rituelles des sorciers de la Havane qu’aux batteurs issus de La Nouvelle-Orléans. Cela se passe au Palace Balllroom et à La Conga de New York.

Afro Cuban Jazz Moods

Les premiers jazzmen à apprivoiser ces rythmes afro-cubains sont Dizzy Gillespie, Stan Kenton et Charlie Parker.

Les premières notes du latin jazz résonnent grâce aux percussions de Machito, Tito Puente, Mongo Santamaria, Ray Barretto, et surtout au plus inspiré et diabolique des percussionnistes cubains : Chano Pozo, pilier rythmique de l’orchestre de Dizzy Gillespie, qui compose certains des thèmes les plus célèbres du latin jazz : « Manteca », « Tin Tin Deo », « Cubana be, Cubana bop ».

Le 5 janvier 1975, un concert est donné à la cathédrale Saint-Patrick de New York avec certains des meilleurs artistes latino-américains de la région. Parmi eux, Dizzy Gillespie et l’orchestre Machito. Pour l’occasion, le compositeur-arrangeur Chico O’Farrill compose le morceau Oro, Incienso y Mirra. Contre toute attente, c’est un succès.

Afro Cuban Jazz Moods – Dizzy Gillespie

Mario Bauza, directeur musical de l’orchestre Machito, contacte le producteur Norman Granz et lui propose d’enregistrer Oro, Incienso y Mirra ainsi qu’une autre composition de Chico O’Farrill. Norman est enthousiaste. La formation a carte blanche.

C’est ainsi que les 4 et 5 juin 1975, quatre des légendes qui ont contribué à l’émergence du latin jazz dans les années 40 – le trompettiste Dizzy Gillespie, le chef d’orchestre Machito, l’arrangeur Mario Bauza et le compositeur-arrangeur Chico O’Farrill – se réunissent pour une session extraordinaire.

Il m’est impossible de décrire l’excitation du jeu pendant ces deux jours. Chaque fois que Dizzy entre dans un studio pour enregistrer, ou chaque fois qu’il se produit n’importe où d’ailleurs, vous savez qu’il va faire quelque-chose d’important qui transcendent les tendances à la mode. Néanmoins, à mon avis, il s’est surpassé sur ces enregistrements apportant une richesse d’idées et une maîtrise technique presque surhumaine. (Chico O’Farrill)

 Afro Cuban Jazz Moods
Afro Cuban Jazz Moods – Machito

L’album Afro Cuban Jazz Moods est un ensemble de compositions typiques toutes écrites par O’Farrill : les 15 minutes d’Oro, Incienso y Mirra et la suite de 15 minutes Three Afro-Cuban Jazz Moods enregistrée par 26 musiciens de l’orchestre Machito.

The Three Afro-Cuban Jazz Moods a été conçu à l’origine comme une suite en trois mouvements que j’ai composé pour Clark Terry pour le Festival de jazz de Montreux en 1970. Par la suite, Dizzy l’a interprétée avec le Towson State College Jazz Ensemble, sous ma direction, au Quinnipiac Jazz Festival de 1973. J’ai continué à travailler dessus en la peaufinant, en l’enrichissant. Le résultat final est sensiblement différent de ce qu’elle était à l’origine. Du latin jazz avec une touche de rock par moment. (Chico O’Farrill)

Il y a trois déclarations thématiques fermes dont découle tout le développement : Le 1er est joué par le cor sous le solo de Dizzy après l’introduction ; le 2e par les anches après la section rythmique établit le motif en 6/8 ; et le 3e par les cuivres supérieurs dans la section Guaracha.

Le langage harmonique est éclectique : polytonalité, écriture sérielle juxtaposée à des mélodies diatoniques bien définies. L’idée ici n’est pas de coller à des harmonies rigides mais plutôt de laisser les esprits vagabonder librement même si les titres ont une saveur cubaine indéniable.

Afro Cuban Jazz Moods
Afro Cuban Jazz Moods – Dizzy Gillespie

L’orchestration est simple et directe. Pas de combinaisons subtiles ni d’élaborations tape-à-l’œil. On notera l’utilisation du synthétiseur comme couleur instrumentale supplémentaire utilisé avec parcimonie, un peu comme un cuisinier épicerait un plat avec un peu de chili et une pointe de cumin.

L’écriture et le jeu d’ensemble sont tous deux empreints de majesté, mais ce qui rend cet album essentiel, c’est le son sourd si singulier de Dizzy Gillespie, ses courses en dents de scie et en cascade. Dizzy glisse joyeusement sur les rythmes latins qui lui tenaient tant à cœur, avec ses vieux compadres.

Sources : www.jazzwise.com – https://latinjazznet.com

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CREDITS :

Enregistré les 4 et 5 juin 1975 aux Generation Studios, New York – Pablo records

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