Avec Smiling & Waving, son troisième album, la norvégienne Anja Garbarek se démarque de ses précédents opus. Entourée de deux anciens membres de Japan (Steve Jansen et Richard Barbieri) et Mark Hollis de Talk Talk, elle mêle avec une touche unique de sombres univers : sonorités futuristes, musique de cabaret, jazz, joués sur des instruments traditionnels comme violon et piano dans une pop intimiste chargée de spleen.
Fille du saxophoniste de jazz contemporain Jan Garbarek, Anja Garbarek grandi à Oslo. Bien qu’entourée de musiciens durant toute son enfance, elle n’apprend à jouer d’aucun instrument. À 16 ans, elle intègre une école d’art dramatique et s’imagine comédienne. À l’université, elle chante dans une comédie musicale alternative qui l’a fait connaître de l’industrie du disque norvégienne. Signée chez RCA, elle sort un premier album Velkommen Inn en 1992 seulement disponible dans quelques pays scandinaves.
Anja Garbarek Smiling & Waving
Remarquée pour sa voix plus que pour sa personnalité, miss Garbarek se rebelle. Elle explique à ses employeurs qu’ils doivent lui laisser le temps de trouver sa route. Balloon Mood arrive après quatre ans de réflexion: «Un collage qui, sans être abouti, donne une idée un peu plus précise de ce que je veux faire.» Ce deuxième album, plus ambitieux, est produit par Marius De Vries (notamment producteur de Madonna, Bjork, David Bowie, Rufus Wainwright, Chrissie Hynde, Neil Finn, Annie Lennox, Bebel Gilberto, David Gray, P.J. Harvey, Massive Attack).
Bien accueilli en Norvège, ce deuxième album fini par sortir en catimini en Angleterre où elle s’installe pour suivre son mari et signe dans la foulée chez Virgin Records.
Enregistré en plus d’un an et demi, Smiling & Waving, album intimiste qu’elle a voulu «le plus nu possible», est, à la suite des Portishead, Björk, Goldfrapp ou Zend Avesta, un nouvel épisode des rencontres entre acoustique et électronique. A ceci près, qu’ici on entend plus le bois de la contrebasse ou le vent des poumons que le chant de la machine, réduit le plus souvent à quelques crépitements lointains.
«J’ai conçu cet album en réaction à tout ce qui nous entoure. On ne peut plus faire un pas sans être bombardé de sons et d’images. Alors que le monde hurle, j’ai voulu le calme et la douceur.»
Enfant, quand elle écoutait quelque proto-Spice Girl, son père se faufilait dans sa chambre avec un disque de Billie Holiday. C’est en farfouillant dans sa discothèque que celle qui se définit comme «une chanteuse romantique» a découvert Kate Bush, Laurie Anderson ou Meredith Monk.
Pourtant, plus que l’ombre de son père, c’est celle d’un autre musicien atypique qui plane sur cet album. Mark Hollis, l’ex-Talk Talk habitué du top 50, devenu ermite plus préoccupé de Ravel et Debussy que de pop.
Le janséniste se laissant amadouer, il produit deux morceaux et en arrange quelques autres, même si l’on croit discerner son empreinte tout au long de l’album. Sans doute à cause de l’importance des silences, des murmures, et cette prise de son quasi religieuse qui s’attarde sur chaque résonance.
«En studio, il travaille toujours avec son propre ingénieur du son. Ils mettent des micros jusque dans les toilettes pour déterminer celui qui a le meilleur son. Cette façon de travailler m’a beaucoup inspirée», raconte Anja.
C’est Hollis encore qui aura l’idée de contacter Robert Wyatt pour un duo sur The Diver. «Il m’a dit avoir accepté parce que les paroles de la chanson (l’histoire d’un plongeon, ndlr) l’avaient ému.» La voix grésillante du compositeur paraplégique ne fait qu’ajouter à l’aura d’un album déjà séduisant.
Sur le trip-hop optimiste « That’s All », entre beats minimalistes et quatuor à corde, une flûte glisse sous l’auditeur comme une boule qui roule sous le canapé, passant presque à côté de vous avant de pouvoir être saisie.
Le mélancolique « And Then », une basse, le London Session Orchestra, et la harpiste Helen Turnstall, est à la fois une chanson d’absence et retour. Sur des paroles presque susurrées, Anja Garbarek s’ouvre lentement à l’auditeur de manière mystérieuse, se débarrassant des influences pop de son passé.
Gravés dans le vent et la glace, les paysages sonores de Smiling & Waving s’animent au fil d’une pop transfigurée, organique, sensuelle et opaque, de spectres hip-hop, d’ombres classiques et de souvenirs jazz accompagnés par de petites brumes rythmiques électroniques.
La voix d’Anja Garbarek résonne longtemps dans les oreilles, quelque part entre le chant angélique de Stina Nordenstam et les envolées sur l’échine de Björk.
Source : https://en.wikipedia.org – https://next.liberation.fr – www.discogs.com
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CREDITS :
Enregistré en 2000 et 2001 aux Angel, Berwick Street, The Log Cabin and Livingston Studios – Londres – Virgin Records
1 – Her Room // Bass – Chris Lawrence*French Horn – John Pigneguy, Richard Bissill Percussion – Steve Jansen Piano – Laurence Pendrous *Strings – The London Session Orchestra Written-By – A.Garbarek*
2 – The Gown // Arranged By – A.G.*, Mark HollisBass – Chris Lawrence* Electric Bass, Melodica – Mark Hollis Guitar – Steven Wilson Oboe – Melinda Maxwell Percussion – Anja Garbarek, Martin Ditcham, Steve Jansen Piano – Laurence Pendrous*, Mark Hollis Strings – Ivo Van Der Werff, John Bradbury (2), Tony Hinnegan*, Tony Lewis (2)Written-By – A.Garbarek*
3 – Spin The Context // Bass – Chris Lawrence* Cello – Tony Pleeth*, Paul Kegg Clarinet – Anthony Pike, Nick Bucknall* Drums – Steve JansenPercussion – Steven Wilson Written-By – A.Garbarek*
4 – Stay Tuned // Drums – Steve Jansen Effects [Analogue Fx] – Richard Barbieri Organ – Laurence Pendrous* Performer [Atmoshpere] – Jørgen Knudsen Strings – The London Session Orchestra Written-By – A.Garbarek*
5 – You Know // Bassoon – Robin O’Neill Guitar – Steven Wilson Strings – The London Session Orchestra Written-By – A.Garbarek*
6 – Big Mouth // Arranged By – A.G.*, Mark Hollis Bass – Chris Lawrence* Electric Piano [Rhodes] – Laurence Pendrous* Saxophone – Theo Travis Viola – Peter Lale Violin – Gavyn Wright Written-By – A.Garbarek*
7 – The Diver // Bass – Chris Lawrence* Oboe – Melinda Maxwell Percussion – Anja Garbarek, Martin Ditcham Piano – Laurence Pendrous* Strings – Ivo Van Der Werff, John Bradbury (2), Tony Hinnegan*, Tony Lewis (2) Vocals – Robert Wyatt Written-By – A.Garbarek*
8 – That’s All // Flute – Theo Travis Piano – Laurence Pendrous* Strings – The London Session Orchestra Written-By – A.Garbarek*
9 – And Then // Bass – Chris Lawrence*Harp – Helen Tunstall Strings – The London Session Orchestra Written-By – A.Garbarek*
10 – It Seems We Talk // Arranged By – A.G.*, S. Wilson* Bass Flute – Theo Travis Guitar, Piano – Steven Wilson Vibraphone – Frank Ricotti Written-By – A.Garbarek*
- Art Direction – Anja Garbarek
- Engineer [Additional] – Andy Ward, George Shilling (tracks: 2, 7), Guy Wiffen, Lincoln Fong, Mitsuo Tate, Nick Coplowe, Patrick McGovern, Tom Davidson
- Engineer [Sound Design], Programmed By – Anja Garbarek, Miguel Diaz De Lopez, Steven Wilson
- Leader [London Session Orchestra] – Gavyn Wright
- Lyrics By – Anja Garbarek
- Mastered By – Ray Staff
- Mixed By – Anja Garbarek, Mark McGuire, Steven Wilson
- Musician [London Session Orchestra] – Tony Pleeth*, Ben Cruft, Bill Benham, Boguslav Kostecki*, Cathy Thompson, Dave Daniels*, Dave Woodcock*, Dermot Crehan, Eddie Roberts (2), Jonathan Evans-Jones, Katie Wilkinson, Lawrence Power (2), Mark Berrow, Martin Loveday, Paul Kegg, Perry Montague-Mason, Peter Lale, Simon Fischer, Vaughn Armon
- Producer – Anja Garbarek (tracks: 1, 3 to 6, 8 to 10), Mark Hollis (tracks: 2, 7), Steven Wilson (tracks: 1, 3 to 6, 8 to 10)
- Recorded By – John Mallison (tracks: 1, 3 to 6, 8 to 10), Phill Brown (tracks: 2, 7), Steven Wilson (tracks: 1, 3 to 6, 8 to 10)
- Recorded By [Robert Wyatt] – Ewan Davies
- Score [Fixer] – Isobel Griffiths
- Score [Scoring For Orchestral Instruments] – Godfrey Wang