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Duke Ellington & John Coltrane, c’est la rencontre de deux générations : Ellington, le pianiste aristocrate du jazz, et Coltrane, le jeune loup du saxophone, celui qui pourrait être largement son fils et qui est en train d’emmener la musique de son glorieux aîné vers des contrées insoupçonnées. Au programme : des standards (comme « In a Sentimental Mood »), des nouvelles compositions d’Ellington et un titre signé Coltrane (« Big Nick »).

Au début des années 1960, Duke Ellington se plaît à collaborer et partager son art avec de nombreux grands noms du jazz, rivaux amicaux ou jeunes talents : Count Basie, Louis Armstrong, Charles Mingus, Max Roach ou encore Coleman Hawkins.

En ce 26 septembre 1962, c’est avec le saxophoniste John Coltrane qu’il va enregistrer. Duke a 63 ans, Coltrane 36. Ce dernier vient de graver son nom dans l’histoire du jazz avec des albums incontournables dans sa discographie : « Giant Steps » (1959), « My Favorite Things » (1960) ou encore « Olé Coltrane » (1961) et « Ballads » (1962).

Duke Ellington est au piano, John Coltrane au saxophone ténor et soprano, complété par le bassiste et le batteur des formations respectives d’Ellington et de Coltrane, Jimmy Garrison et Aaron Bell se partagent la basse, Elvin Jones et Sam Woodyard la batterie.

Sur les sept plages qui composent l’album, Ellington est l’auteur de cinq titres, et l’un des deux autres est un thème de son fidèle acolyte Billy Strayhorn.

John Coltrane signe, lui, une des plages de l’album « Big Nick », l’hommage de Coltrane à George Nicholas (surnommé Big Nick), un saxophoniste qu’il a côtoyé chez Dizzy Gillespie.

Duke Ellington & John Coltrane

Selon Bob Thiele, producteur de l’album, Coltrane réussit à travers cette séance à saisir l’importance de la spontanéité et de la magie de l’instant, au lieu, comme il en a l’habitude, de multiplier les prises, parfois stériles, afin de parvenir à ses fins.

À l’issue de la première captation d’« In A Sentimental Mood », le producteur demande au saxophoniste s’il juge opportun de rejouer le morceau. Connaissant le perfectionnisme exacerbé de Coltrane et considérant le risque de perdre la fraîcheur de ce qui vient d’être interprété, Ellington ne lui laisse pas le temps de répondre et lâche : « Mais pourquoi ? On ne réussira pas à retrouver le même feeling. C’est la bonne ».

Dans les notes de pochette, Ellington va même plus loin en expliquant qu’en multipliant les prises, Coltrane risque de s’imiter lui-même et de parodier son propre jeu. La force de persuasion du charismatique Ellington convainc alors Coltrane qu’il vaut mieux en rester à cette première prise. Ce dernier a ces mots, toujours dans les liner notes :

« J’aurais aimé pouvoir retravailler toutes ces pièces à nouveau, mais je pense que les interprétations n’auraient pas eu la même spontanéité. Et elles n’auraient peut-être pas été meilleures ».

John Coltrane

La leçon est en partie retenue.

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CREDITS :

Enregistré le 26 septembre 1962 au Van Gelder Studio, Englewood Cliffs, New Jersey – Impulse records

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