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Stevie Wonder Talking book – Enregistré en 1972 à l’Electric Lady Studios, l’Air Studios, le Crystal Studios, le Record Plant, Los Angeles – Tamla Motown
L’année 1972 est un grand huit émotionnel pour Stevie Wonder. Son mariage bat de l’aile et il subit un grave accident de voiture qui le plonge quelque temps dans le coma. Côté scène, il tourne avec les Stones et séduit du même coup un large public blanc, contribuant à briser les carcans raciaux.


stevie wonder talking book

Depuis ses dix-huit ans, le multi-instrumentiste surdoué a emmagasiné plusieurs dizaines de titres inédits et patiemment attendu d’atteindre la majorité légale pour s’affranchir de ses liens avec la Motown.

C’est ainsi que Music Of My Mind, son premier album solo, sort en mars 1972, fruit d’une session marathon aux studios Media Sound de New York en compagnie des pionniers de la musique synthétique, Malcolm Cecil et Bob Margouleff. Au cours de cette rencontre, Stevie Wonder, Cecil et Margouleff enregistrent dix-sept titres qui marqueront le point de départ d’une fantastique phase créative.

Sept mois après Music Of My Mind, Talking Book, en référence au nombre incalculable de morceaux que Stevie Wonder voulait caser sur ses deux faces, fait son apparition chez les disquaires.

L’album s’ouvre sur You Are The Sunshine Of My Life, un nouveau numéro un au Billboard — mais aussi une chanson qui va engendrer des dizaines d’exécrables versions lounge. Stevie Wonder ne se met à chanter que lors du refrain de sa bossa nova de salon, laissant le premier couplet à Gloria Barley et Jim Gilstrap.

Cette ode sentimentale a été composée l’année précédente, puis finalement écartée de Music of My Mind, qui se faisait l’écho d’une série de réflexions sur la dissolution du mariage entre Stevie Wonder et Syreeta.

stevie wonder talking book
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L’autre titre phare de l’album, un avertissement contre les superstitions, est un thème finalement bien anecdotique au regard de sa forme et de son histoire. Composé et produit par Stevie Wonder, Superstition était à l’origine un cadeau livré clé en main à Jeff Beck, légendaire guitariste invité sur un autre titre Looking For Another Pure Love.

C’est lors d’une session aux studios Electric Lady de New York que Jeff Beck s’installe à la batterie et se met à jouer un rythme funky accentué sur la caisse claire. Soudain, un riff monstre de clavinet surgit dans le dos du guitariste. Wonder griffonne ensuite rapidement un texte tandis que Jeff Beck quitte le studio avec une bande estampillée Very Superstitious.

Pour le boss Berry Gordy, l’idée est complètement folle ! Déjà passablement agacé par le paquet de dollars réclamé par son poulain pour rester dans le giron Motown, il refuse que le titre s’envole avec les royalties qu’un tel trésor est susceptible de générer. Il décide de le presser et de le sortir rapidement avant que l’ex-guitariste des Yardbirds n’enregistre sa propre version.

stevie wonder talking book
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Le patron a vu juste car Superstition, premier single du disque, se retrouve en tête des charts US au mois de janvier 1973, entre le You’re So Vain de Carly Simon et Crocodile rock d’Elton John. Tout cela à la grande déception de Jeff Beck qui voit lui échapper ce qui aurait pu être son plus grand succès.

Un peu amer, il sera le premier à le reprendre en sortant l’artillerie lourde sur le « Live In Japan » du trio Beck, Bogert & Appice puis sur son album « Blow By Blow » en 1975. D’autres comme Stevie Ray Vaughan, Melvin Van Peebles, se sont empressés de l’ajouter à leur répertoire.

Maybe Your Baby, malgré les spirales de guitares fuzz de Ray « Ghostbusters »Parker Jr., illustre également le dépit sentimental d’un amoureux éconduit.

stevie wonder talking book
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Dans un autre registre, le virulent Big Brother dénonce le laxisme des leaders politiques vis-à-vis du ghetto. Chef-d’œuvre d’équilibre harmonique, le titre a été enregistré entièrement en solo par Stevie Wonder.

Talking Book sera le premier album d’une série de chefs-d’œuvre qui culminera avec le double « Songs In The Key Of Life » sorti en 1976.

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CREDITS :

  • Alto Saxophone – Dave Sanborne* (tracks: A4)
  • Backing Vocals – Debra Wilson (tracks: B4), Denise Williams* (tracks: A4), Gloria Barley (tracks: A1), Jim Gilstrap (tracks: A1, A5, B3), Lani Groves (tracks: A1, A5, B3), Loris Harvin (tracks: B4), Shirley Brewer (tracks: A4, B4)
  • Bass – Scott Edwards (2) (tracks: A1)
  • Co-producer, Engineer, Synthesizer [Moog Programming] – Malcolm Cecil
  • Co-producer, Engineer, Synthesizer [Moog Programming], Photography – Robert Margouleff
  • Congas – Daniel Ben Zebulon (tracks: A1, A5)
  • Guitar – Ray Parker Jr. (tracks: A2)
  • Lead Guitar – Buzzy Feton* (tracks: B4), Jeff Beck (tracks: B4)
  • Mastered By – George Marino
  • Producer, Vocals, Keyboards, Synthesizer [Arp & Moog], Written-by – Stevie Wonder
  • Recorded By – Austin Godsey, Joan De Cola*
  • Saxophone – Trevor Laurence* (tracks: B1)
  • Trumpet – Steve Madaio (tracks: B1)

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