• Post category:ALBUM
  • Auteur/autrice de la publication :
  • Temps de lecture :7 min de lecture

Juste avant de devenir l’illustrateur musical attitré des pantalonnades du gaffeur Pierre Richard (et plus tard, de la Boum), Vladimir Cosma a tissé pour ce polar musculeux une fine toile orchestrale (cordes et clavecins de cristal, arrangements vaporeux) sur laquelle la sirène Christiane Legrand fait de la balançoire vocale avec une dextérité et un élan prodigieux.

Né à Bucarest, enfant du sérail (son père, Teodor, est pianiste et chef d’orchestre réputé en Roumanie, sa mère, également musicienne et championne de natation) il devient violoniste-concertiste couronné par deux premiers prix (violon et composition) au Conservatoire de Bucarest. Il se passionne pour Bartók, Prokofiev mais aussi pour Gil Evans ou Duke Ellington. Son attirance pour le jazz lui vaudra d’être expulsé pour « attitude décadente ».

Vladimir Cosma Maldonne

Son géniteur, qui rêve d’une carrière loin du rideau de fer pour son fils, fait migrer sa famille en France. Il débarque à Levallois avec ses parents dans un hôtel de réfugiés. Vladimir donne des concerts à la pelle pour faire subsister les siens. Il obtient finalement une bourse au Conservatoire de Paris et entre comme violoniste concertiste dans un orchestre avec lequel il fait plusieurs tournées internationales (De 1964 à 1967).

Durant la même période, il écrit différentes œuvres dont : Trois mouvements d’été pour orchestre symphonique, Oblique pour violoncelle et orchestre à cordes, des musiques de scène et de ballet (Volpone pour la Comédie Française, l’Opéra Fantômas…).

Vladimir Cosma Maldonne
Vladimir Cosma Maldonne

Parallèlement à sa carrière musicale, Cosma suit des cours de composition et de contrepoint avec Nadia Boulanger, qui lui suggère de revenir à ses influences roumaines et au jazz. Sur ces conseils avisés, il abandonne sa carrière de concertiste, et se consacre pleinement à la composition.

Le hasard d’une rencontre avec Michel Legrand (lui aussi ancien élève de Nadia Boulanger), dont il devient l’assistant, lui permet de composer sa première musique de film, en 1968 : Alexandre le bienheureux, d’Yves Robert.

Dès la fin de ma collaboration avec Michel Legrand, qui a coïncidé avec l’écriture de la musique d’Alexandre le Bienheureux, j’ai essayé de me démarquer de lui en évitant les grands orchestres à cordes. Je me suis dit qu’il fallait que je trouve pour chaque film un thème unique avec un instrument unique. Je me suis inspiré de l’idée du Troisième homme (1949), d’Orson Welles, qui utilisait la cithare comme fil conducteur. C’est une idée maîtresse qui accompagne le film mais ne souligne rien. J’ai cherché à parvenir à ce dépouillement et à cette forme de construction unithématique.

Vladimir Cosma
Yves Robert au centre avec Vladimir Cosma à droite
Yves Robert au centre avec Vladimir Cosma à droite

La même année, Maldonne, film de Sergio Gobbi, est l’occasion pour Vladimir Cosma d’allier à la fois les nécessités de la construction thématique et sa passion pour le jazz, avec ses préoccupations en matière de timbre et d’alliages inhabituels.

Très inspirée par Morricone, qui fait faire à l’époque le même genre d’exercices à Edda Dell’Orso, cette partition aborde un registre dramatique plutôt rare chez l’immortel compositeur du Grand blond avec une chaussure noire.

La bande originale bénéficie de la voix chaleureuse et ductile de Christiane Legrand, du talent de Roger Bourdin à la flûte basse, de Maurice Vander au clavecin, d’Eddy Louiss à l’orgue, de Francis Darizcuren à la guitare basse, ainsi que de Gus Wallez à la batterie.

Trois thèmes principaux contribuent à mettre en évidence l’architecture forte de cette partition.

Vladimir Cosma composera plus de trois cents partitions pour des longs métrages et séries T.V. On lui doit au cinéma de très nombreux succès en collaboration notamment avec Gérard Oury, Francis Veber, Claude Pinoteau, Jean-Jacques Beineix, Claude Zidi, Ettore Scola, Pascal Thomas, Pierre Richard, Yves Boisset, André Cayatte, Jean-Pierre Mocky, Edouard Molinaro, Jean-Marie Poiré.

###

CREDITS :

Enregistré en 1968 – Barclay records

Sources : www.underscores.fr - www.telerama.fr - www.revuedesdeuxmondes.fr - www.vladimir-cosma.com - www.discogs.com - www.qobuz.com

Laisser un commentaire