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Sorti sur les écrans la même année qu’Easy Rider, Midnight Cowboy a marqué l’histoire du cinéma en étant le premier film classé X à recevoir l’oscar du meilleur film. L’histoire de deux losers rêveurs, Joe Buck, cow-boy benêt qui monte à New York pour vendre ses charmes aux riches bourgeoises frustrées et Rico, arnaqueur à la petite semaine qui le prend sous son aile. Terrain de jeu inhabituel pour le compositeur, John Barry signe une bande sonore soignée, cordes luxuriantes, cuivres, nappes de synthé Moog et un harmonica lancinant de Toots Thielemans.

Basé sur un roman du même nom de James Leo Herlihy, Midnight Cowboy dépeint l’amitié entre Joe Buck (Jon Voight) et Enrico Salvatore « Ratso » Rizzo, un escroc boiteux incarné par Dustin Hoffman. D’une violence troublante, Macadam Cowboy est une plongée dans les bas-fonds new-yorkais qui n’épargne aucun des personnages que croise le cowboy du titre. Joe Buck n’a jamais gardé les vaches. Las de laver la vaisselle dans un rade texan, il s’est acheté une panoplie, bottes pointues et Stetson noir, avant de partir pour New York dans l’espoir de vendre ses charmes aux dames de Park Avenue.

Bande originale de Midnight Cowboy

Dans ce rôle de Candide cupide, Jon Voight fait si bien illusion qu’on l’a pris, lors de la sortie du film, pour un vrai gigolo texan, alors que l’acteur est né à New York. Bête à manger du foin, incapable des turpitudes qui lui ouvriraient le chemin de la fortune, Joe Buck est la proie de plus minable que lui, en la personne de « Ratso » Rizzo, clochard boiteux et poitrinaire, aspirant escroc.

Tout au long du film règne une ambiance difficile à décrire, sorte de mélancolie décalée, due en partie à la musique qui semble imprégner l’âme du film.

Pour John Barry, compositeur britannique connu pour son travail sur les films de James Bond, c’est le grand écart. On est bien loin des films d’action qu’il a l’habitude de mettre en musique. En plus de composer la musique originale, il supervise le choix des musiques préexistantes qui seront utilisée tout au long du film.

Bande originale de Midnight Cowboy
Bande originale de Midnight Cowboy

La titre principal « Everybody’s Talkin' » interprété par Harry Nilsson, parvient aux oreilles de John Schlesinger, par l’intermédiaire de Derek Taylor, alors attaché de presse des Beatles. A l’origine une chanson de l’obscur chanteur folk Fred Neil écrite à la va vite lors d’une session à Los Angeles en 1966. Les producteurs préfèreront finalement la version de Nilsson.

Pour Macadam Cowboy, nous avons repris une chanson qui existait déjà. « Everybody’s Talking » de Harry Nilsson, qui donne le ton à tout le film. Nous l’avons simplement réenregistré afin de modifier sa durée. Toutes les autres chansons ont été écrites spécialement pour le film.

John Barry

Les instrumentaux « Joe Buck Rides Again » ou « Midnight Cowboy » sont au cœur de la contribution musicale de Barry, un harmonica lancinant qui donne le ton aux séquences clés du film.

Quand nous avons commencé à réfléchir au film, il était dès le départ évident qu’il fallait un motif musical, c’est pourquoi j’ai composé le thème à l’harmonica dans lequel la contre-mélodie a plus d’importance que la mélodie elle-même. Elle donne cette sensation de répétition, comme si l’on tournait en rond, sans direction : le reflet des entrailles new-yorkaises. Pour la mélodie, je voulais quelque chose de très simple, le genre de morceau que n’importe quel paysan texan est capable de jouer. L’instrumentation était volontairement simpliste : douze guitares sèches, une boîte à rythme et un harmonica. Ainsi, le thème de Macadam Cowboy restait dans la lignée de la chanson de Nilsson.

John Barry
Bande originale de Midnight Cowboy
Bande originale de Midnight Cowboy

Le reste de la bande-son aligne cinq chansons originales, toutes préenregistrées et supervisées par Barry. Deux sont signées par The Groop, une formation californienne baroque’n folk oubliée. « He Quit Me », chantée par Leslie Miller, est une des premières compositions de Warren Zevon, le songwriter caustique, auteur du tube « We’re wolves of London » en 1978.

On retrouvera le groupe Elephant’s Memory, interprète d’ »Old Man Willow », derrière John Lennon lors de son come-back sur scène après la séparation des Beatles.

Pour la séquence en Floride, nous voulions quelque chose de très gai. Je m’étais souvenu d’un sergent dans l’armée qui ne dessoûlait jamais et jouait du saxo ténor. Il jouait affreusement mal, mais, il se prenait pour un pro. Je lui dois de m’avoir inspiré pour cette séquence. J’ai utilisé un synthé Moog pour donner au morceau ce côté un peu désaccordé qui le rend étrange.

John Barry
John Barry
Bande originale de Midnight Cowboy – (John Barry)

« Florida Fantasy », motif récurent, illustre les séquences oniriques faites de flashbacks, de projections d’un avenir radieux. Parfois, ces rêveries tournent au cauchemar, parfois, ce sont des fantasmes d’évasion.

Pour la scène du cauchemar, j’ai utilisé d’autres éléments musicaux : quelques touches futuristes mêlées à des accords de vieilles berceuses texanes. Cela me semblait être l’expression musicale de ce que l’on pouvait voir à l’écran. Un moyen subconscient de projeter le spectateur à la place de Joe, au cœur d’une situation particulièrement horrible.

John Barry

D’autres chansons furent pressentie comme « Cowboy » de Randy Newman’s ou « Lay Lady Lay » de Bob Dylan. Composée pour le film, la chanson ne figura pas dans la B.O. finale faute de ne pas avoir été terminée à temps.

Bande originale de Midnight Cowboy
Bande originale de Midnight Cowboy – (John Barry)

Harry Nilsson, qui composa spécialement pour le film le morceau « I Guess the Lord Must Be In New York City », ne fut finalement par retenu par le réalisateur John Schlesinger qui lui préféra le titre «Everybody’s Talkin» de Fred Neil que Nilsson avait par ailleurs déjà enregistré.

Déjà célèbre pour son travail sur les films de James Bond remontant au Dr. No de 1962, Barry remporte un Grammy en 1969 pour le thème instrumental de Midnight Cowboy. Sa partition met en vedette le musicien de jazz belge Toots Thielemans, dont l’harmonica chromatique diffuse une mélancolique collant parfaitement à la vie des protagonistes.

Sources : www.songfacts.com – https://ultimateclassicrock.com – www.discogs.com – www.muziq.fr – www.lemonde.fr

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CREDITS :

Enregistré en 1969 – USA – United Artists Records

1/ Everybody’s Talkin’ – Harry Nilsson
Arranged By, Conductor – George Tipton
Written-By – Fred Neil

2/ Joe Buck Rides Again – John Barry

3/ A Famous Myth – The Groop
Arranged By, Conductor – Garry Sherman

4/ Fun City – John Barry

5/ He Quit Me – Leslie Miller
Arranged By, Conductor – Garry Sherman
Written-By – Warren Zevon

6/ Jungle Gym At The Zoo – Elephants Memory
Producer – Wes Farrell

7/ Midnight Cowboy – John Barry

8/ Old Man Willow – Elephants Memory
Producer – Wes Farrell

9/ John Barry – Florida Fantasy
The Groop – Tears And Joys
Arranged By, Conductor – Garry Sherman

10/ John Barry – Science Fiction

11/ Everybody’s Talkin’ – Harry Nilsson
Arranged By, Conductor – George Tipton
Written-By – Fred Neil

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