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Après des années passées dans l’ombre de Bob Marley, Winston Hubert McIntosh aka Peter Tosh quitte les Wailers pour se lancer en solo. Son premier album, Legalize It, sorti en 1976 démontre qu’il sait parfaitement se débrouiller sans ses anciens camarades. La spiritualité rasta tient une place centrale dans cette œuvre, notamment matérialisée par la chanson titre prônant la légalisation de la marijuana, et tranche avec Equal Rights, plus politique, plus engagé. Cela n’enlève rien à la qualité de l’album dans lequel Tosh ose même mixer des ballades lentes avec des beats groovies.

1976 est une année faste pour le reggae avec la sortie des albums solo des trois voix des Wailers séparés depuis deux ans : Blackheart Man de Bunny Wailer, Rastaman Vibration de Bob Marley, et ce Legalize It de Peter Tosh. Aîné de la bande et le seul à pouvoir challenger l’aura de Bob – le caractère introverti de Bunny Wailer l’ayant poussé vers l’ombre –, Peter Tosh possède lui aussi l’ADN d’un prophète du reggae.

Peter Tosh Legalize It

A la différence de Bob Marley, plus diplomate, Tosh fuit le monde du divertissement tout en devant commercer avec lui par nécessité. Une posture qui le mène à certaines impasses. L’historien Roger Steffens raconte comment le chanteur dût s’en remettre à un gros dealer d’herbe de Miami pour financer l’enregistrement d’un disque dont le message effrayait tout le métier.

Finalement, l’affaire capota, le trafiquant jugeant qu’avec une telle publicité, Tosh risquait de lui prendre ses clients ! Les bandes circulèrent un temps sur le bureau de plusieurs directeurs artistiques avant de finir dans une poubelle chez Columbia. D’où une main inspirée les arracha in extremis.

Peter Tosh Legalize It

Le morceau-titre, un cri en faveur de la légalisation de la marijuana sorti en juin 1976, est immédiatement interdit par les autorités jamaïcaines – la chanson réagissait à une vague de violences policières autour des fumeurs d’herbe –, contribue ainsi à son succès et occulte quelque peu le reste de cet album composé avec le concours d’une bonne partie des musiciens des Wailers (Aston et Carlton Barrett, Tyrone Downie, Al Anderson et même Rita Marley sont de la partie).

Si Peter Tosh n’est pas doté d’une “grande” voix, il dispose d’un bon sens de la soul et d’un timbre reconnaissable immédiatement, grâce auquel il se donne parfois des airs de prédicateur, comme sur le prêche rasta Igziabeher (Let Jah Be Praised).

Mais il sait aussi se faire plus léger en proposant à une fille d’aller jouer à Ketchy Shuby, et son reggae prend déjà des airs pop-rock sur No Sympathy, avec la guitare bluesy d’Al Anderson, ou la ballade d’amoureux vexé Till Your Well Runs Dry, tandis que Brand New Second Hand s’adresse aux filles trop superficielles.

Peter Tosh Legalize It

Bref, Peter Tosh étale sur ce disque un vrai potentiel pop, qui aurait pu le conduire chez Island en d’autres circonstances. Lui qui ne ratait jamais une occasion de tacler Chris Blackwell en public s’est d’ailleurs vite trouvé un autre mentor britannique séduit par son charisme : Mick Jagger, présent lors du One Love Peace Concert de 1978, totalement subjugué par l’audace de Tosh, qui alluma un spliff sur scène tout en morigénant les deux principaux hommes politiques jamaïcains de l’époque, Michael Manley et Edward Seaga.

L’album Bush Doctor sortira quelques mois plus tard sur Rolling Stones Records, porté par le single Don’t Look Back, une reprise des Temptations avec au micro le duo Tosh/Jagger…

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CREDITS :

Enregistré en 1975 aux Studios Treasure Isle et Randy – Kingston (Jamaïque) – CBS Records

Sources : http://dynamhit.org - www.Qobuz.com - https://pan-african-music.com - http://lpdw.free.fr - www.lesinrocks.com

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