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Emblématique des films de Blaxploitation, Coffy la panthère noire de Harlem, dans lequel Pam Grier incarne la sexy funky sister qui séduit les hommes, les attire dans ses filets grâce à son décolleté ravageur et à ses œillades langoureuses … infirmière le jour et justicière expéditive la nuit, elle dézingue la moitié du casting au son d’une bande originale légendaire signée Roy Ayers.

En 1970, Roy Ayers quitte Herbie Mann pour s’installer a New-York. Il forme son propre groupe, le Roy Ayers Ubiquity, s’entourant de musiciens de premier plan, tels que Sonny Fortune, Billy Cobham, Harry Whitaker, Omar Hakim et Alphonse Mouzon. Après quelques tâtonnements du côté du jazz-rock d’Herbie Hancock, et du jazz-soul d’Herbie Mann, le groupe trouve rapidement sa voie en déclinant un jazz funky, qui en l’espace de douze albums (1970-1977), va marquer définitivement le son d’une période.

Roy Ayers Coffy

C’est durant cette période faste qu’Ayers se voit confier la bande originale du film de Blaxploitation « Coffy, la panthère noire de Harlem » réalisé par Jack Hill.

Je vivais à New York. Début 1973, j’ai pris l’avion pour Los Angeles où j’avais rendez-vous dans les bureaux d’American International Pictures. Là-bas, j’ai rencontré Jack Hill, le réalisateur du film. Pendant deux ou trois jours, il m’a raconté toute l’histoire, m’a décrit tous les personnages principaux et expliqué le scénario en détail. Le dernier jour de ma visite, j’ai pu voir une version finale du montage sans la musique. Je suis rentré à New York avec plein d’idées et, dès le lendemain, j’étais en studio avec mon groupe.

Roy Ayers

Coffy, c’est l’histoire d’une vengeance. Parce que sa petite sœur, junkie au dernier degré, est en train de crever sur un lit d’hôpital, Coffy n’est pas contente. Infirmière aux urgences, elle mène une vie parallèle parmi les caïds de Harlem, dealers, maquereaux, patrons de boîtes de nuit. Fastoche, avec les jambes de gazelle et la paire de lolos qu’elle promène avec assurance dans ce monde de brutes sans foi ni loi.

Justicière improvisée, Coffy est le pendant féminin des héros mâles de la Blaxploitation comme Shaft ou Superfly. Sa double vie permet au réalisateur de doper le parcours assez simpliste de la combattante d’une bonne dose d’érotisme et de violence. Mais, s’il y a racolage, il est militant, jamais gratuit. Nulle complaisance dans la suite de règlements de comptes qui mènent la « panthère noire » jusqu’au politicien véreux qu’elle croyait son allié.

Roy Ayers Coffy

Coté musique, bien loin d’une attitude narcissique de vibraphone-hero, Roy Ayers mets ici tout son talent au service du groove et du rendu orchestral.

Dennis Davis était à la batterie (futur batteur de David Bowie de 1974 à 1980), Richard, son frère, jouait de la basse. Billy Nicholas et Bob Rose étaient à la guitare. J’ai aussi utilisé deux chanteurs : Wayne Garfield et Denise “Dee Dee” Bridgewater. Dee Dee chantait avec d’autres musiciens à cette époque, mais elle faisait partie de mon groupe. Son mari Cecil jouait de la trompette avec Jon Faddis. Wayne Andre était au trombone si je me souviens bien. La BO de Coffy doit aussi beaucoup à Harry Whitaker, qui a arrangé toutes les cordes et les parties de claviers de l’album.

Roy Ayers

Mix intrigant de ballades symphoniques (Coffy Baby chanté par Denise, alias Dee Dee Bridgewater), d’instrumentaux pour clavecins qu’on croirait échappés du score de Barry Lyndon (Vittrionis Theme-King Is Dead) et de jazz funk intrépide en droite lignée des Blackbyrds (Aragon, Kings Last Ride), Coffy dépasse le cadre de la simple illustration sonore pour incarner une des meilleures productions de la great black music.

Roy Ayers coffy
Roy Ayers Coffy

Le jeu de batterie tentaculaire de Dennis Davis illumine King George, deep funk halluciné chuchoté par Roy Ayers, sans doute impressionné par l’apparition surréaliste du super pimp en combinaison jaune titi interprété par le regretté Robert Doqui.

Coffy constitue un des grands moments de la blaxploitation. Pour preuve, Quentin Tarantino piochera pas moins de quatre titres instrumentaux pour constituer la bande originale de Jackie Brown : « Aragon », « Escape », « Exotic Dance » et « Browling Broads ».

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CREDITS :

Enregistré les 5-8 avril 1973 au Sound Ideas Studios, New York City – Polydor Records

Sources : www.telerama.fr - www.destination-rock.com - www.discogs.com - www.jazzmag.com - https://monkeybuzz.com.br

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