Deuxième LP de la soul woman Minnie Riperton, Perfect Angel sort en 1974. Album de platine la même année, auréolé du sublime 45-tours Lovin’ You, “Perfect Angel” est supervisé par un certain Stevie Wonder qui, non content d’endosser les habits de multi-instrumentiste et de producteur, offre deux chansons mémorables, Take A Little Trip et Perfect Angel, à celle qui venait de contribuer à son récent “Fulfillingness’ First Finale”.
Originaire de Chicago, cette chanteuse débute sa carrière à 13 ans, en 1960. Elle signe sur le label Chess Records afin d’intégrer son premier groupe « The Gems ». Le trio féminin ne rencontrera pas le succès attendu.
Sept ans plus tard, la petite Minnie a grandi, enchaînant les petits boulots et les prestations au public limité. Marshall Chess, fils du boss de Chess Records lui propose d’intégrer un groupe de soul « expérimentale» qu’il est en train de monter : The Rotary Connection !
Minnie Riperton Perfect Angel
Le groupe sort un premier album en 1967 qui connait un succès notable dans le Midwest et ses alentours mais ne parviend pas à pousser plus loin les frontières de la gloire. Cinq autres albums suivront mais n’auront pas le même succès que le premier : la musique sera jugée trop psychédélique par les critiques qui ne jurent que par les standards de la soul de l’époque.
En 1970, Minnie prend son indépendance avec son premier album solo « Come To My Garden » sur le label GRT Records. On y découvre toute l’ampleur de sa voix aux quatre octaves.
Elle fait appel à Charles Stepney, une ancienne connaissance de chez Chess Records, pour produire ce disque. Côté musiciens, c’est notamment son mari, Richard Rudolph, qui assurera les parties de guitare. Il posera aussi sa plume sur certains textes.
Le 26 Décembre 1970, elle joue pour la première fois en solo à la London House de Chicago, un bar en rooftop très réputé dans les années 70. C’est Ramsey Lewis, également pianiste sur l’album, qui introduit la jeune chanteuse devant le public ce soir-là. Elle interprétera un certain nombre de titres aux côtés de Charles Stepney.
Malgré l’enthousiasme du public durant cette soirée, « Come to My Garden » est un échec commercial. Il est cependant largement salué par la critique comme étant un « chef d’œuvre soul » à l’image de la musique de Roberta Flack et celle de son futur mentor : Stevie Wonder.
Chicago, 1971, backstage de la Black Expo. Une charmante jeune femme à la coupe afro s’approche de Stevie Wonder et lui susurre discrètement dans l’oreille « Keep up the good work… ». Surpris, il lui demande son nom. « Minnie… », lui répond-elle. « Minnie ?! Pas Minnie Riperton tout de même… Si ?! Je rêve de travailler avec vous ! Vous chantez comme un ange ! »
Trois ans plus tard, le rêve de Stevie Wonder sera réalisé. Un rêve que la chanteuse à la voix d’ange osait à peine caresser… Et pourtant, Minnie Riperton et Stevie l’hyperactif, qui publiait alors chefs-d’œuvre sur chefs-d’œuvre, vont travailler ensemble.
La native de Chicago va d’abord poser quelques backing vocals sur It Ain’t No Use en compagnie de ses consœurs Deniece Williams et Lani Groves (Stevie a toujours très bien choisi ses choristes), puis chanter en lead dans Creepin’, toutes deux extraites de “Fullfillingness’ First Finale”.
Puis, dans la foulée, Stevie fera fi des rigueurs contractuelles et s’investira corps et âme dans le second album personnel de Minnie Riperton, qui vient de signer avec Epic, forte de plusieurs maquettes réalisées avec son mari et songwriter Richard Rudolph.
Le fruit de leur collaboration, “Perfect Angel”, est un chef-d’œuvre qui deviendra rapidement Disque de Platine aux Etats-Unis, auréolé par la sublime ballade Lovin’ You, n° 1 du Billboard Hot 100 en avril 1975.
Curieusement, ce 33-tours majeur illustré par une photo inoubliable – Minnie, son regard pétillant, son sourire malicieux, sa salopette en jean et sa glace à la vanille dégoulinante… – n’avait jamais bénéficié d’une réédition CD digne de ce nom. C’est désormais chose faite avec le double CD “Perfect Angel : Deluxe Edition”.
Sur le CD 1, l’album original remasterisé – neuf chansons plus la version 45-tours de Lovin’ You. De Reasons, porté par une partie de batterie exceptionnelle de Stevie Wonder, au délicat et subtilement countrysant It’s So Nice To See Old Friends en passant par l’aérien Standing On The Edge Of A Dream, sans oublier les deux wonderful songs offertes par Stevie (Take A Little Trip et Perfect Angel) et, bien sûr, Lovin’ You, on passe par toutes les émotions.
“Perfect Angel” est un labour of love imaginé par Minnie Riperton, Richard Rudolph et Stevie Wonder, qui avait pris soin de convier son groupe Wonderlove au grand complet dans les studios Record Plant – Michael Sembello et Marlon Henderson à la guitare, Reggie McBride à la basse, Ollie E. Brwon à la batterie… et Stevie himself au piano électrique.
Le CD2 renferme quant à lui dix autres trésors. Versions acoustiques, extended, alternate : on est littéralement… aux anges. Mises à plat donnant l’impression d’être live in studio aux côtés de la diva, de son grand admirateur et de ses musciens, version en duo avec Stevie de Take A Little Trip (version de travail sans doute puisqu’il chante avec beaucoup de retenue), extended version de Our Lives de près de dix minutes (Stevie se ruine les babines sur son harmonica)… La pêche est tout simplement miraculeuse.
Elle enchainera avec un troisième opus, Adventure In Paradise. Stewart Levine, producteur des Crusaders co-produira l’album donnant une touche plus sensible et nuancé à la musique de la jeune chanteuse. Le premier titre, « Baby This Love I Have », un bijou jouant sur les saccades d’un basse-batterie groovie n’étant pas sans rappeler le son de « I Want You » de Marvin Gaye. Le titre éponyme de l’album sera composé par les Crusaders qui assureront aussi la partie instrumentale de la chanson.
Le troisième opus de la chanteuse ne connaitra pas le succès de Perfect Angel, malgré la qualité et la maturité musicale dont il fait preuve encore aujourd’hui.
Fin 75 elle participera à la finalisation de « Songs In The Key of Life » de Wonder, prêtant même sa voix sur le titre « Ordinary Pain ». Envieuse du succès que connaitra Stevie avec son disque, elle lui demande de participer à la composition de son prochain album.
Malgré une carrière relativement brève, Minnie Riperton deviendra un modèle pour de nombreuses chanteuses soul comme Whitney Houston et ses titres sont abondamment samplés par des artistes rap et electro dans les années 1990.
Sources : www.muziq.fr – www.lebruitdusillon.com
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CREDITS :
Enregistré en 1974 au Record Plant, Los Angeles USA – Epic Records
- Arranged By – Wonderlove
- Minnie Riperton – vocals (A1-A4, B3-B4, lead on A5-B2)
- Bass – Reggie McBride (pistes : A1 to B2, B4)
- Congas – Rocki Dzidzornu (pistes : A5, B4)
- Drums – Ollie E. Brown* (pistes : A2, A3, B1, B2, B4)
- Engineer [Assistant] – Gary Olazabal
- Engineer, Producer [Associate] – Malcolm Cecil, Robert Margouleff
- Guitar – Marlo Henderson (pistes : A1 to A3, A5 to B2)
- Lead Guitar – Michael Sembello (pistes : A3, A4, B4)
- Mastered By – Kent Duncan
- Piano – El Toro Negro (pistes : A2 to B4)
- Producer – Scorbu Productions
- Remix, Engineer [Assistant Remix Engineer] – Baker Bigsby
- Written-By – Minnie Riperton (pistes : A1, A2, A4, A5, B2 to B4), Richard Rudolph (pistes : A1, A2, A4, A5, B2 to B4), Stevie Wonder (pistes : A3, B1)