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Mos Def est l’un des rappeurs les plus doués de sa génération, et ce deuxième album en tous sens personnel embras(s)e aussi bien les clichés hip hop que les riffs hard rock façon Living Colour, le blues fébrile (Shuggie Otis en invité) et la soul music lézardée (Marvin Gaye samplé/déchiré).

Cinq ans après cet élégant coup de force, Mos Def revient avec un second album, The New Danger, disque fleuve et ambitieux, qui tente de revisiter à lui seul trente ans de musique noire ? et même de musique tout court.


Mos Def New Danger

Sur la pochette, il se présente bâillonné, l’index vissé sur la tempe comme s’il allait se tirer une balle dans la tête. Disque suicidaire en effet.

Disque dangereux même, mal vendu, mal “promotionné’, mal compris : malgré le free jazz, Sly Stone, Omette Coleman, James Brown, Miles Davis, The Bad Brains et Prince, un Afro-Américain du début du XXIème siècle n’a toujours pas de place pour exprimer autre chose, une rage singulière sur fond de musiques violentées.

Mos Def New Danger
Mos Def New Danger

Les six premiers morceaux du disque donnent un aperçu de l’entreprise, extrêmement têtue et courageuse. Soutenu à la production par Raphael Saadiq (The Boogie Man Song) ou par l’ultrademandé Kanye West (The Rape over), seul ou aidé aux encoignures par son groupe à guitare Black Jack Johnson (Freaky Black Greetings), mais aussi par l’orfèvre soul Shuggie Otis (Blue Black Jack), Mos Def, au tiers du chemin à peine, affiche très haut son aisance à jouer sur tous les tableaux.

Soul, hip-hop, blues, rock : tout passe à la chouette moulinette du Mos qui, en costard trois-pièces, parvient, sur l’échelle ouverte du groove, à faire trembler les édifices les plus tarabiscotés de N.E.R.D. ou d’OutKast.

Mos Def New Danger
Mos Def New Danger

Au fur et à mesure de l’avancée de ce New Danger, les frontières les plus établies et les plus rugueuses s’effacent, et Mos Def offre alors toute l’étendue de son territoire, noble et accueillant, riche et déroutant. Et même quand il sort à la fois son beat et sa guitare ? qui le démange depuis plus de cinq ans ?, Mos Def parvient à rassembler les deux pôles fratricides que sont depuis des lustres, et c’est bien triste, rock et hip-hop.

Bien qu’ils n’officient que sur quatre titres, les musiciens de Black Jack Johnson ne sont pas là  pour faire de la figuration. Ils orientent cet opus sur des chemins plus live : celui du metal (Freaky Black Greetings, War), mais aussi du jazz (The Beggar) et du blues (Blue Black Jack).

Toutes aussi efficaces, mais plus attendues, les productions de Minnesota, Raphael Saadiq, Easy Mo Bee et Kanye West (Jay-Z, Lil’Kim, Alicia Keys) complètent le tableau à  l’aide de leurs touches de couleurs soul et leurs samples funk vintage (Sunshine et Grown Man Business, Life Is Real).

Mos Def New Danger
Mos Def New Danger

Dans l’ensemble, The New Danger se veut un disque somme. Un tour d’horizon du rock noir d’aujourd’hui. Forcément, c’est une ambition pour le moins excitante mais totalement démesurée – Prince pourrait d’ailleurs lui en toucher deux mots.

Grâce à des titres (l’inouï Ghetto Rock ou Zimzallabim) qui tracent enfin la voie médiane entre les pets mammouths du Body Count d’Ice-T et les élucubrations précoces et conjointes de De La Soul et Teenage Fanclub (sur la BO du nanar Judgement Night), Mos Def s’impose, avec The New Danger, comme un maître de cérémonie œcuménique et savant à la fois. Plus la peine de chercher les pilules Laklass, Mos Def a définitivement raflé le stock.

Le rap selon Mos Def est anti-commercial, imprévisible, inclassable (on jurerait que les “puristes” hip hop n’ont pas aimé ça), colérique, sensuel, brutal et émouvant. Écouter ce disque renvoie à une autre expérience enrichissante et dérangeante : la vision de l’étrangement sous-estimé The Very Black Show de Spike Lee, dans lequel, comme par hasard, Mos Def joue le rôle d’un rappeur… terroriste.

Source : https://pitchfork.com – www.lesinrocks.com – www.albumism.com

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CREDITS :

Enregistré en 2004 – Geffen Records

Recorded and mixed At – Blakeslee Recording Company; Long View Farm Studios; Chung King Studios; The Cutting Room, Record Plant, Los Angeles; Fever Recording Studios.
Mastered At – Bernie Grundman Mastering

A&R – Jaha Johnson
A&R [A&R Administration] – Alicia N. Graham
A&R [A&R Coordinator] – Michael Chavez (2)
Art Direction, Design – JP Robinson, Mos Def
Band [Black Jack Johnson Is], Bass, Other [Groitaz Beauty] – Doug Winbush*
Band [Black Jack Johnson Is], Drums, Percussion, Other [Bronx Engine Chief] – Will Calhoun
Band [Black Jack Johnson Is], Keyboards [Magic Key Holder], Other [Majesty] – Bernie Worell*
Band [Black Jack Johnson Is], Lead Guitar, Other [Follow None] – Gary Miller (4)
Band [Black Jack Johnson Is], Vocals, Lyrics By, Other [Shiny Priceless 2¢] – Dante Smith
Executive-Producer – EL-Bey The Moor
Lyrics By – Mos Def
Mastered By – Bernie Grundman
Mixed By – Superstar Dave Dar* (tracks: 3, 9, 10, 13, 15), Dylan Margerum (tracks: 5, 7, 16), That Man Fran* (tracks: 4, 12, 17)
Music By – Black Jack Johnson (tracks: 17), Minnesota (2) (tracks: 3, 6, 10, 14), Mos Def (tracks: 6, 14, 16, 17)
Producer – Easy Mo Bee (tracks: 4), Minnesota (2) (tracks: 3, 6, 10, 11, 13, 14), Mos Def (tracks: 1, 2, 4, 7, 12, 16, 17), Psycho Les (tracks: 12), Raphael Saadiq (tracks: 1)
Recorded By – Superstar Dave Dar* (tracks: 9, 11, 13, 15), Dylan Margerum (tracks: 5, 7, 10, 14, 16, 18)

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