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Célèbre pour sa collaboration au Velvet Underground ainsi que pour sa liste d’amants (Jim Morrison, Iggy Pop et Brian Jones…), Nico grave en 1967 son premier album solo, le sublime Chelsea Girl. Cette cultissime galette vénéneuse met à nue une âme maladive et maléfique sublimant une poignée de perles rares composées par Jackson Browne, Lou Reed, John Cale, Tim Hardin ou Dylan. Si elle n’a pas composé elle-même les morceaux, Chelsea Girl confirme largement l’originalité et le potentiel de Nico.

Repérée alors qu’elle travaille comme vendeuse dans un grand magasin de Berlin, Christa Päffgen, rebaptisée Nico par le photographie Herbert Tobias, devient une mannequin très demandée des années 1950. Se rêvant actrice, elle fait une apparition remarquée dans La Dolce Vita de Fellini puis dans le film Strip-tease de Jacques Poitrenaud, sans réellement convaincre.

Nico Chelsea Girl

Elle se tourne alors vers la chanson, encouragée par Bob Dylan ou Brian Jones avec qui elle enregistre en 1965 l’un de ses premiers titres, I’m not sayin. Mais c’est sa rencontre avec Andy Warhol qui accélère son ascension. Invitée à rejoindre la Factory, elle est imposée par Warhol – et son assistant Paul Morrissey – au Velvet Underground pour l’enregistrement de l’album culte The Velvet Underground & Nico.

Mais les relations avec le reste de la formation ne tardent pas à s’envenimer. Le groupe ne l’accepte jamais vraiment, Lou Reed encore moins.

Au moment de l’enregistrement de Chelsea Girl, début avril 1967, Nico ne fait déjà pratiquement plus partie du Velvet (elle en sera officiellement évincée fin mai 1967). Ces derniers acceptent néanmoins de contribuer à son premier album solo, à l’exception notable de Moe Tucker, en lui offrant des chansons et en participant aux sessions d’enregistrement.

Nico Chelsea Girl
Nico Chelsea Girl

Le titre de l’album fait référence au Chelsea Hotel, fameux repaire de la faune chic et choc, situé à Manhattan, dans le quartier de Chelsea. Quant à la grinçante ballade Chelsea Girls, elle fait référence au film réalisé en 1966 par Andy Warhol, Chelsea Girls. Nico y expose sans fioritures l’histoire des occupants instables et drogués de l’hôtel, des filles des deux sexes ou d’aucun.

Des quatre autres chansons, It Was a Pleasure Then, longue de huit minutes, s’avère la plus dissonante et aventureuse, faisant écho à The Black Angel’s Death Song sur l’album à la banane.

Songwriter alors en plein essor, Jackson Browne, avec qui la chanteuse a eu une liaison pendant quelques mois, signe de son côté trois chansons, dont The Fairest of the Seasons et These Days, les deux superbes ballades qui ouvrent l’album et lui confèrent sa tonalité dominante – celle d’un folk-rock aussi majestueux que mélancolique.

Nico Chelsea Girl

Chanson de Bob Dylan d’abord interprétée par la folkeuse Judy Collins et transcendée ici par le chant spectral de Nico, I’ll Keep It with Mine figure également sur l’album.

La dixième et dernière chanson, écrite par Tim Hardin, Eulogy to Lenny Bruce, est dédiée au trublion autodestructeur Lenny Bruce, mort d’overdose en 1966, dont Hardin était un ami et que Nico appréciait beaucoup.

Même si elle n’a pas composé elle-même les morceaux, Chelsea Girl confirme largement l’originalité et le potentiel de Nico. Elle y affirme son style, aux intonations lugubres, quasi gothiques.

Si guitares et orgue en constituent le socle instrumental (la basse étant aussi absente que la batterie), Chelsea Girl se distingue en effet par des arrangements luxuriants (cordes et flûte) au parfum pastoral, ajoutés sur presque toutes les chansons par la seule volonté du producteur Tom Wilson. Inutile de dire que ces arrangements n’ont guère été appréciés par les principaux intéressés, Nico en tête.

Nico Chelsea Girl

Junkie notoire, bohémienne à la dérive courant après sa dose d’héro, Nico traversera les trois décennies suivantes en envoyant épisodiquement des cartes musicales d’un front gothique avant l’heure (son obsessionnel harmonium) au fil d’albums hautement recommandables ? : The Marble Index (1968), Desert Shore (1970), The End (1974) voire Drama Of Exile en 1981.

L’exil et le drame, oui. À Ibiza. Où elle s’était retirée et où elle devait mourir, d’un stupide accident de bicyclette, le 18 juillet 1988.

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CREDITS :

Enregistré le 4 avril 1967 – Mayfair Sound Studios NYC (USA)

Nico : voix – Jackson Browne : guitare électrique (A1-2, B2-3, B5) – Lou Reed : guitare électrique (A3, A5, B1, B4) – John Cale : viola, orgue, guitare (A3-5) – Sterling Morrison : guitare électrique (B1, B4) – Larry Fallon : arrangements pour violons et flûte – Tom Wilson : producteur – Larry Fallow* : Arrangeur, chef d’orchestre – Val Valentin : ingénieur du son – Gary Kellgren : ingénieur du son – Paul Morrissey : photo

Sources : http://smironne.free.fr - http://musique.fluctuat.net - www.discogs.com - https://bruitdefond.blog - www.telerama.fr - www.lesinrocks.

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