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Curtis Mayfield Curtis – Enregistré en mai-juillet 1970 (Chicago – USA) – Curtom Records
Les activités de Mayfield pendant les années 60 ne se limitent pas à son travail au sein des Impressions. Lorsqu’il n’est pas en tournée à travers les Etats-Unis, il trouve le temps d’écrire pour d’autres représentants de la soul de Chicago dont Major Lance, Walter Jackson, Gène Chandler, Billy Butler et surtout son frère Jerry.

En studio, Mayfield devient le complice du producteur Carl Davis. Tous deux donneront un second souffle au prestigieux label OKeh – patrie, avant-guerre, de grands créateurs du blues comme Victoria Spivey, Lonnie Johnson et Blind Willie McTell.

L’idée vient alors au jeune homme de fonder en 1966 ses propres labels, Mayfield Records et Windy C, qui accueillent le groupe féminin des Fascinations, ainsi que les Five Stairsteps – un ensemble familial qui préfigure celui des frères Jackson. 

Des problèmes de distribution contraignent Mayfield à fermer les portes de ses deux premiers labels.

Curtis Mayfield Curtis

Mais il persiste dans ses ambitions et se lance dans une nouvelle aventure avec la marque Curtom, qu’il fonde en 1968. Il en prend la direction artistique, se faisant assister pour les arrangements par le vétéran Johnny Pate, mais aussi par un jeune pianiste qui fera bientôt parler de lui, Donny Hathaway.

A ses débuts, la marque se consacre essentiellement aux Impressions, dont la carrière semblait s’enliser chez ABC. Mais Curtom deviendra vite la terre d’accueil de son fondateur qui décide d’entamer une carrière solo en 1970.

Intitulé « Curtis », son premier LP Solo sort la même année. Tout au long de l’album, Curtis affirme le son qui deviendra sa marque de fabrique, son identité : basse, batterie et percussions d’inspiration latine en forment la colonne vertébrale.

Curtis Mayfield Curtis
Curtis Mayfield Curtis

Mais Curtis a aussi une façon particulière de régler sa guitare. Autodidacte. il a choisi dès ses débuts d’accorder son instrument en fa dièse, – comme si l’accord à vide n’était constitué que des touches noires du piano -, ce qui donne à son jeu une couleur immédiatement reconnaissable.

Les arrangements de cuivres et de cordes somptueux composent le contrepoint d’un chant oscillant entre le prêche et la sérénade susurrée. Mais, outre le son, Curtis affirme aussi son style : l’amour de dieu venu de son enfance avait laissé peu à peu la place à celle des femmes, sujet de prédilections des Impressions. C’est maintenant celui du peuple, le sien (« We the people who are darker than blue ») comme celui des autres (« Don’t worry if there’s a hell bellow we’re all gonna go »), qui va être désormais au centre de ses préoccupations.

Curtis Mayfield Curtis
Curtis Mayfield Curtis

C’est là que réside toute la nuance entre le funk de Curtis et celui, par exemple, de James Brown : les cuivres rutilent autant, les basses ne lancinent pas moins mais, là où James se fait tranchant comme un rasoir lorsqu’il veut inciser jusqu’à l’âme de l’auditeur, Curtis s’y insinue avec une sensualité vocale à laquelle rien ne résiste. Il faut alors se pencher sur le texte, à la narration tantôt réaliste tantôt cynique, pour comprendre que cette musique, qui brille de mille feux quand elle narre l’amour, brûle à peu près autant quand elle réveille les consciences.

Dans la foulée le live de 1971, sorti à peine 8 mois après que l’album Curtis soit rentré dans les Charts (qu’il ne quittera pas durant 49 semaines), vient transformer l’essai.

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