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Enregistré à New York, Gil Scott Heron Pieces Of A Man marque véritablement ce qui fera le style de l’artiste : subtil mélange de jazz, soul, funk, avec une manière novatrice de placer sa voix sur la musique. « Pieces of a man » évoque des sujets sensibles et dépeint la vie des rues de New-York dans les 70’s : drogue, alcool, problèmes sociaux et politique de la communauté afro-américaine. L’album marque également le début d’une longue collaboration entre Gil Scott Heron et le pianiste Brian Jackson.

Après un premier vinyle publié en 1970 sur le label Flying Dutchman de Bob Thiele, la collaboration entre Scott-Heron et Thiele va s’étendre au-delà de la collection de poèmes dits sur fond de congas qui composent Small Talk At 125th And Lennox.

Dès son baptême de studio, Gil Scott Heron dévoile l’œcuménisme de son regard critique en égratignant aussi bien les bourgeois afro-américains de gauche que le consumérisme de l’Amérique moyenne, pavillonnaire et décérébrée. « The Revolution Will Not Be Televised », « The Subject Was Faggots », « Whitey On The Moon »… Autant de dénonciations d’une société rongée par la vénération de l’argent, de condamnations d’un pouvoir qui table sur la bêtise humaine.


Gil Scott Heron Pieces Of A Man

L’année suivante sort « Pieces Of A Man ». L’album s’éloigne de la poésie militante pure et dure pour offrir une richesse instrumentale inédite, avec de vraies structures de chansons.

Côté casting, Thiele lui adjoint la crème des musiciens de session new-yorkais : Johnny Pate est à la direction, Brian Jackson aux claviers, Ron Carter à la basse acoustique et électrique, Bernard Purdie à la batterie, Burt Jones à la guitare et Hubert Laws à la flûte et au saxophone.

Ron Carter déclarera par la suite, « Gil n’était pas un grand chanteur, mais avec cette voix, même en chuchotant, ses mots dégageaient une dynamique folle. C’était une voix aussi puissante que du Shakespeare !

Ron Carter
gil scott heron the revolution will not be televised
Gil Scott Heron Pieces Of A Man

Brian Jackson coécrit la moitié de l’album Gil Scott Heron Pieces Of A Man. On retrouve une version studio de «The revolution will not be televised». Sur un groove obsédant propulsé par Bernard Purdie et Ron Carter, la flûte d’Hubert Laws voltigeant autour de la déclamation de Scott-Heron.

Ce dernier fustige les poisons qui inoculent les esprits de ses contemporains : utopies opiacées, cynisme politique, Nixon en tête, et surtout emprise de la télévision et du consumérisme infantilisant qu’elle induit, Scott-Heron détournant certains slogans publicitaires avec une ironie frondeuse.

Le propos reste politique (« Home Is Where the Hatred Is » est une déclaration de guerre à la drogue, « Pieces Of A Man » un tableau de la lutte des classes), mais essentiellement dans l’acception sociétale de l’adjectif, tandis que pointe l’optimisme d’un artiste pétri de romantisme (« I Think i’ll Call It Morning ») :

Tu remarqueras que 90% de mes textes n’ont rien de militant, insistait-il. Je me fiche des partis et des clans, mes adversaires sont l’injustice et l’hypocrisie. De ce côté-là, il y a de quoi dire.

Gil Scott Heron
gil scott heron the revolution will not be televised
Gil Scott Heron Pieces Of A Man

« The Needle’s Eye » décrit ce grand saut dans l’inconnu : celui qui n’entre pas dans la tête d’épingle peut trouver la liberté, mais risque aussi de sombrer dans la folie.

L’un des sommets de cet album reste «Lady day and John Coltrane», un titre qui témoigne des préoccupations culturelles de Scott-Heron en faveur de la grande musique noire américaine.

Gil Scott Heron Pieces Of A Man marque véritablement ce qui fera le style de Gil Scott-Heron : subtil mélange de jazz, soul, funk, avec une manière toute particulière et novatrice de placer sa voix sur la musique. L’album lui vaut, aujourd’hui encore, l’adulation d’admirateurs recrutés dans tous les camps musicaux : jazz, r’n’b, blues, hip-hop, rock…

Un an plus tard, l’album «Free will» le consacrera définitivement comme l’une des voix les plus emblématiques de sa génération, proche d’un Donny Hathaway ou de Leon Thomas, son camarade du label Flying Dutchman.

Sources : https://pitchfork.com – www.thewire.co.uk – www.discogs.com

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CRÉDITS :

Enregistré les 19-20 avril 1971 (NYC – USA) – RCA – Hi Horse Records

Gil Scott-Heron : guitare, piano, voix – Brian Jackson : piano, clavier – Ron Carter : contre-basse, basse – Burt Jones : guitare électrique – Bernard « Pretty » Purdie : batterie – Hubert Laws : flûte, saxophone – Bob Thiele : producteur – Lillian Seyfert : co-producteur – Johnny Pate : chef d’orchestre – Ray Hall : Mixing, Remixing – Geoffrey Haslam : Mixing – Ray Hall : Mixing, Remixing

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