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Succès improbable des années 70, Hair, la comédie musicale des deux américains Gerome Ragni et James Rando et du compositeur canadien Galt McDermot est un véritable manifeste pour la libération sexuelle et la paix au Vietnam s’inscrivant dans l’apogée du mouvement hippie.

Avant la B.O. de Hair il y a la comédie musicale made in Broadway. Tout commence avec le duo James Rado et Gerome Ragni en 1967. Ces derniers viennent d’achever l’écriture d’une comédie musicale et réussissent à convaincre un producteur, Eric Blau, de parier sur le spectacle. Blau, par l’intermédiaire d’un ami commun, Nat Shapiro, les met en contact avec le compositeur canadien Galt MacDermot.


B.O. de Hair

MacDermot, lui, a déjà remporté un Grammy Award en 1961 pour sa composition « African Waltz » (enregistrée par Cannonball Adderley). Le style de vie du compositeur contraste fortement avec ses co-créateurs.

J’avais les cheveux courts, une épouse et, à ce moment-là, quatre enfants, et je vivais à Staten Island. Je n’avais jamais entendu parler de hippie quand j’ai rencontré Rado et Ragni. (Galt McDermot)

Il partage leur enthousiasme et écrit le premier score en trois semaines, en commençant par des chansons comme « I Got Life », « Ain’t Got No », « Where Do I Go » et le titre principal. D’abord écrit comme un morceau expérimental, « Aquarius » est réécrit comme un hymne aux accents funky.

Ils avaient les paroles, mais pas de musique. Ils avaient besoin d’un compositeur. J’ai tout de suite aimé. Les paroles n’étaient pas du tout vieux jeu. Ça m’a inspiré. Je suis parti des textes qu’ils m’ont confié au fur et à mesure. J’aime travailler de cette façon. Je m’appuie énormément sur les paroles quand j’écris un morceau.

Pour « Let the Sunshine In », ça ne m’est pas venu facilement. C’était un long texte. Je ne savais pas comment l’aborder. J’ai dû faire un peu de recherche. Je suis retourné à des vieilles partitions que j’avais écrites. Il y avait quelques idées dedans que j’aimais bien. Elles étaient incomplètes, mais il y avait l’esprit. J’ai travaillé à partir de ça. Je savais qu’il fallait quelque chose de fort pour la fin du spectacle. Alors j’ai conçu la chanson comme un crescendo. C’est exactement ce que je voulais. Il faut dire que les paroles m’avaient donné la direction. (Galt McDermot)

Gerome Ragni, James Rando et Galt McDermot
Gerome Ragni, James Rando et Galt McDermot

En 1967, Milos Forman, de passage à New-York, assiste à la première représentation de la comédie musicale Hair dans un café-théâtre de Broadway. Immédiatement séduit et très enthousiaste, il envisage d’en faire un film. Il devra attendre 10 ans et les oscars de Vol au-dessus d’un nid de coucous pour accéder à son rêve. On acceptera alors enfin de lui confier la réalisation de la version filmée d’un spectacle vivant, devenu entretemps un symbole international de la contre-culture des années 60.

Alors que la comédie musicale d’origine est une série de sketches musicaux, Forman en fait une véritable histoire avec des personnages bien caractérisés et un scénario. Les auteurs originaux, Gerome Ragni et James Rado, sont mis à contribution.

B.O. de Hair

Le film raconte l’histoire de Claude Bukowski débarquant de son Oklahoma natal pour s’engager dans l’armée américaine. De passage à New York, il rencontre par hasard une bande de sympathiques énergumènes qui lui font entrevoir d’autres horizons : dans le désordre, l’amour libre, le pacifisme, la fumette et l’exubérance capillaire.

Milos Forman va chercher des acteurs-chanteurs peu connus dans les théâtres, recrute John Savage qu’il a vu sur scène dans American Buffalo, Treat Williams dans Grease, Beverly d’Angelo, Annie Golden, Don Dacus, Dorsey Wright qui viennent de groupes de musique pop.

Forman ne veut pas de vedette, qui déstabiliserait la distribution. Pour réunir ses acteurs, il auditionne un millier de personnes. Ce sont les acteurs qui parlent et qui chantent, comme dans les opéras rock des années 70, mais ils dansent aussi, ce qui est l’apanage de la comédie musicale.

 Les chansons participent à la trame du film, au même titre que les dialogues. Forman est très attaché à la transition entre dialogues et chansons, les acteurs doivent paraître naturels lorsqu’ils passent de la parole au chant.

B.O. de Hair

Galt Mc Dermot refait une harmonisation des chansons pour le film, plus rock, et l’interprétation est plus tonique que les interprétations enregistrées dans les années 60. En cela, la bande-originale du film est la meilleure interprétation musicale de Hair jamais enregistrée.

L’adaptation de Milos Forman dix ans après la sortie de la comédie musicale made in Broadway s’apparente donc presque à un film en costumes. Un léger décalage qui vient justement souligner la fin d’une époque et de ses belles illusions. Une sorte de chant du cygne.

On y parle de liberté, on y dénonce la guerre du Vietnam, les numéros musicaux s’enchaînent avec brio, tout en débordements d’énergie déhanchée et vocalises pop, mais quelque chose dans le velours des robes, dans les invraisemblables coiffures et les sourires radieux sonne déjà un peu faux.

B.O. de Hair

Cet énorme carton assure à Galt MacDermot une tranquillité financière. Les royalties découlant du spectacle, du disque puis du film lui permettent de faire de Kilmarnock un sanctuaire créatif peu regardant sur le succès commercial de ses signatures.

Passionné de musique africaine, Galt Mc Dermot composera par la suite le score du film blaxploitation Le Casse de l’oncle Tom en 1970 puis la BO de Cotton Comes To Harlem, film précurseur du courant blaxploitation. On peut également entendre son envoûtant « Coffee Cold » dans L’Affaire Thomas Crown.

Touche à tout (opéra, musique liturgique, jazz, rock, musical, classique, etc), il est surtout considéré comme le précurseur du funk, courant musical qui explosera ensuite avec la « Sex Machine » James Brown.

B.O. de Hair
B.O. de Hair

Admiré des spécialistes et très prisé des amateurs de raretés, Galt MacDermot est aussi devenu la cible principale des plus gros geeks musicaux qui soient : les producteurs de rap.

La bande musicale de Hair, sous ses mélodies hippies, regorge de basses funky et de beats savants, du coup déclarée mine d’or par les producteurs de rap.

Sources : www.icimusique.ca – https://milosforman.com – www.lemagducine.fr

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CREDITS :

Enregistré en 1978 – RCA Studios, New York – RCA records

Arranged By [Music] – Galt MacDermot
Arranged By [Vocals] – Tom Pierson (2)
Bass – Wilbur Bascomb
Conductor [Music] – Galt MacDermot
Conductor [Vocals] – Tom Pierson (2)
Directed By [Re-recording] – Al Garrison
Executive-Producer [For RCA Records] – Warren Schatz
Guitar – Charles C. Brown*, Cornell L. Dupree*
Keyboards – Galt MacDermot, Tom Pierson (2)
Music By – Galt MacDermot
Percussion – Bernard Purdie
Trumpet [Solo] – Joe Wilder (tracks: C4)
Vocals – Annie Golden, Beverly D’Angelo, Cheryl Barnes, Don Dacus*, Dorsey Wright, John Savage, Melba Moore, Treat Williams
Words By – Gerome Ragni, Jim Rado*

Public performance clearance—ASCAP
Mixed at RCA Studios, New York

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