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Sorti en mars 1973, Terry Callier What Color Is Love, troisième LP du Folkman représente un des sommets de sa carrière. Produit par Charles Stepney, dont le travail avec Cadet/Chess records, Rotary Connection et Earth, Wind & Fire lui ont valu une certaine reconnaissance, What Color Is Love regorge d’influences Funk, Rock, Folk, Jazz et même Classique.

En 1964, deux événements vont changer à jamais la vie de Terry Callier. Alors qu’il chante au Mothers Blues Club de Chicago, un des producteurs de Prestige Records, Sam Charters, lui propose d’enregistrer un album solo. Callier accepte mais Charters s’en va au Mexique avec la bande et le disque « The New Folk Sound of Terry Callier » ne sortira que deux ans plus tard.

Terry Callier What Color Is Love

Et puis il y a l’événement Coltrane. Durant une semaine Terry assistera à toutes les prestations du saxophoniste dans un minuscule club de Chicago.

Le premier soir, j’arrive assez tôt et comme j’entre dans le club j’entends ce bruit blang blang blang et je me dis ce n’est pas le moment de faire des travaux. En fait c’était Elvin Jones qui clouait sa batterie sur la scène! A 21h35, Coltrane a entamé « Out of this World ». C’était effrayant. Jamais je n’avais vu des musiciens se jeter à corps perdu dans la musique. J’ignorais ce que j’allais devenir si je restais là à les écouter. Quand ils ont quitté la ville, je me suis mis à chercher un autre boulot car je me disais que si je n’étais pas capable de montrer une telle intensité, une telle intégrité dans mes concerts, je ferais tout aussi bien de faire autre chose.

Terry Callier
Terry Callier
Terry Callier What Color Is Love

Après un an de remise en question, Terry réintègre le circuit des clubs. Pour la première fois, il présente ses propres compositions et pour la première fois aussi, le public quitte la salle lorsqu’il chante.

Après avoir entendu Coltrane, j’écoutais et j’abordais la musique de façon différente. A cette époque l’humour était un facteur déterminant dans un concert de folk. Le public s’attendait à rire. Le problème c’est que moi, à ce moment-là, je n’avais rien de drôle. J’étais incapable de reproduire la même routine, au geste près, soir après soir.

Terry Callier

En 1968, Terry débute au Earl Of Old Town en formant un nouvel orchestre, The Folk Band, qui tiendra 18 mois. A l’époque, Terry a l’occasion de jouer avec des légendes de Chicago, le saxophoniste Von Freeman, l’Art Ensemble of Chicago ou Jack DeJohnette.

Il jouait alors du piano avec son trio, mais un jour je le découvre jouant de la batterie avec Miles Davis et Keith Jarrett. C’était un choc ! Comme pianiste il était extraordinaire.

Terry Callier
Terry Callier
Terry Callier What Color Is Love

En 1972, Terry écrit «The Love We Had Stays On My Mind» pour le groupe Dells, une chanson qui grimpera au sommet du hit parade et lui vaudra un contrat avec Cadet Records. L’album «Occasional Rain» sort la même année.

A la base c’était un disque avec piano, basse, batterie et guitare acoustique. Le producteur a rajouté des parties d’orgue et claviers électriques et des chœurs.

Terry Callier

Deux autres albums suivront, «What Color is Love» (1973) et «I Just Can’t Help Myself» (1974).

Sorti en mars 1973, What Color Is Love, troisième LP de Terry Callier, défie toutes les catégories, embrassant le large éventail d’influences et d’expériences de Terry Callier. Le kaléidoscope musical de Callier est rempli d’influences funk, rock, folk, jazz et même classique.

What Color Is Love (Terry Callier)
Terry Callier What Color Is Love

L’album s’ouvre sur « Dancing Girl », titre arrangé par le producteur Charles Stepney. Cette odyssée onirique cite en un même élan les affres du ghetto et la musique de Charlie Parker, comme pour signifier que l’expérience afro-américaine se joue là, en une hybridation constante des motifs, des thèmes, des angoisses et des peurs.

Les orchestrations quasi cinématographiques de What Color is Love, de Just As Long As We’re In Love et de I’d Rather Be With You (co-écrit avec Larry Wade et Jerry Butler) procurent un écrin soyeux à la voix chaude et ample de Terry Callier.

Situé en fin de première face, You Goin Miss Your Candyman (co-écrit avec Phyllis Braxton) conjugue un texte minimaliste digne des premiers bluesmen avec des percussions afro obsédantes et une ligne de basse hurlante jouée par Louis A. Satterfield.

« You’re gonna miss me when I’m gone », supplie ad lib Terry Callier dans un final apocalyptique où le dépit amoureux rejoint la menace. Une monument folk/soul/funk que les rappers de Urban Species sampleront allègrement sur leur hit Listen, en 1994.

Terry Callier
Terry Callier What Color Is Love

What Color Is Love referme ses portes sur un instrumental dominé par les guitares de Phil Upchurch et de Terry Callier, où des choeurs féminins angéliques (Kitty Haywood, Shirley Wahls et Vivian Harrell) entonnent un You Dont Care collectif.

Avec cet opus, Terry Callier accouche d’un folk cosmique, tout entier habité par les traditions kaléidoscopiques de la musique noire, du jazz à la soul et au blues. Il y a dans sa voix, dans ses accords et ses harmonies, une élévation constante, une apesanteur irréelle, qui font songer aux titres des disques les plus éclatés et fous de John Coltrane : Ascension, Infinity, Sun Ship, Interstellar Space…

Jamais hermétique mais jamais pleinement pop(ulaire), la musique de Terry Callier est une longue dérive désarticulée et funèbre, qui oscille entre la fascination pour une forme désenclavée et le commentaire social, aux prises avec la réalité, le quotidien le plus froissé, le plus sale….

Sources : www.terry-callier-france.com – www.guardian.co.uk – http://jazzusa.com – www.vibrationsmusic.com – http://rock6070.e-monsite.com – www.lesinrocks.com

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CREDITS :

Donald Myrick* : saxophone alto – Kitty Haywood, Shirley Wahls, Vivian Harrell : choeurs – Louis A Satterfield*: basse – Alfred Nalls : bongo – Karl B. Fruth*, Leonard Chausow : violoncelle – Alfred Nalls, Fred Walker : congas – Donny Simmons*, Morris Jennings : batterie – Charles Stepney : piano électrique – Donald Myrick* : flûte – Phil Upchurch, Terry Callier : guitare – Cyril Touff : harmonica – Edward Druzinsky : harpe – Ethel Merker, Paul Tervelt : cor – Bobby Christian, Fred Walker : percussion – Charles Stepney : piano – Arthur Hoyle, John Howell : trompette – Arthur Ahlman*, Bruce Hayden, Harold Klatz*, Harold Kupper, Roger Moulton : alto – Elliot M. Golub, W. Zlatoff-Mirsky*, Irving Kaplan, Jerry Sabransky, Joseph Golan, Ruth Goodman, Theodore Silavin, William Faldner : violons – Charles Stepney : producteur, arrangeur, chef d’orchestre – Brian Christian, Gary Starr, Roger Anfinsen : ingénieurs du son – Evelyn Greco : supervision

Cette publication a un commentaire

  1. Hassan BNEHALIMA

    Je viens de découvrir Terry Callier, je suis resté bouche bée devant la qualité de cet artiste. Je suis très sensible à la qualité musicale et la maitrise que Terry dénote dans cet opus. Ce qui doit être au chaud y est bien et ce qui rafraichi est aussi à sa place.

    Merci pour ce moment d’émotion, alors si vous avez autre chose à me proposer : Welcome !

    Bonjour à toute l’équipe…

    Ps si vous venez au Maroc, vous serez les bienvenus.

    Hassan

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