• Post category:ALBUM
  • Auteur/autrice de la publication :
  • Temps de lecture :12 min de lecture

Coupe afro de rigueur, cuissardes en argent, minishort et sourire ravageur, Betty Davis rayonne comme un soleil d’ébène sur la pochette de son premier album homonyme. Aidée par la section rythmique de la Family Stone, ainsi que par une poignée de musiciens confirmés, membres de Santana, Tower Of Power ou des Pointer Sisters, elle enregistre Betty Davis, qui paraît en 1973.

Débarquée de sa Caroline natale, Betty Davis exerce la profession de mannequin à New York, où elle rencontre Miles Davis lors d’une soirée au Village Gate en 1967. L’attraction est réciproque, et le couple se marie l’année suivante au mois de septembre.

Période faste, Betty Mabry fait également la connaissance de nombreux musiciens dont Jimi Hendrix et Sly Stone, leader du groupe funk Sly and The Family Stone.

Le mariage ne dure qu’un an, Miles Davis demandant le divorce en 1969 car, selon ses mots, son épouse est « trop jeune et sauvage » pour lui. Si son mariage avec la star du jazz fut éphémère, Betty Mabry eut une influence profonde sur sa vie et son œuvre.


Betty Davis – 1972

Elle a eu une grande influence sur ma vie et ma musique. Elle était vraiment branchée sur la pop d’avant-garde. Elle m’a fait découvrir Jimi Hendrix – l’homme et sa musique.

Miles Davis

En l’initiant au funk de Sly and the Family Stone comme au rock psychédélique du Jimi Hendrix Experience, Miles délaissa les costumes sombres et chics pour les tenues extravagantes qui le caractériseront jusqu’à la fin de sa vie.

De son mariage avec Miles, Betty conservera le nom, mais aussi le crédit du mythique album « Bitches Brew » qu’elle aurait largement influencé de par ses idées rock et révolutionnaires.

Betty Davis
Betty Davis

Quelques semaines après la séparation, Betty Davis grave quelques titres lors de séances produites par Alan Douglas aux cotés de John McLaughlin, puis s’exile à Londres en 1971.

Malgré le soutien de Marc Bolan, Betty Davis ne décroche pas de signature sur un label anglais. Elle retourne les mains vides à San Francisco, où l’attend son nouveau boyfriend Michael Carabello, percussionniste de la première mouture du Santana Band tout juste dissous.

Par l’intermédiaire de Carabello, Betty Davis rencontre d’anciens membres de la Family Stone, parmi lesquels le batteur Greg Errico et le bassiste Larry Graham. Les anciens porte-flingues de Sly constituent l’épine dorsale de Betty Davis, un premier album éponyme qui sort en 1973.

PORTRAIT : Betty Davis, explosive et torride diva funk

Le line-up est de choix : le bassiste Larry Graham, d’anciens Tower Of Power, les Pointer Sisters, Journey et Gregg Errico, et l’ancien batteur de Sly Stone aux commandes du premier album.

Au menu, tranches de basse bien grasses, riffs hendrixiens et orgues psychédéliques, le tout enrobé dans une sauce ultra-épicée (le sexe comme thème récurrent des paroles) et parsemé de rugissements lascifs.

Betty Davis
Betty Davis

Disque de funk extraverti aux accents féministes et aux hymnes à la chair, ce premier album ne remporte pratiquement aucun succès. Solide comme un roc, le génial If I’m in Luck I Might Get Picked up donne le ton de l’album, lascif et suggestif, rauque et grivois. L’Amérique puritaine tombe de sa chaise.

Le titre lui vaudra d’ailleurs les remontrances de la NAACP (Association pour le progrès des gens de couleur), estimant qu’elle représente une « honte » pour les Noirs américains.

A LIRE : Them Changes (Buddy Miles), LP soul rock et chef d’œuvre du batteur

Des groupes religieux organisent même des manifestations lors de ses concerts, dont plusieurs doivent être annulés. Le morceau «If I’m In Luck I Might Get Picked Up» est interdit de diffusion dans la ville de Détroit, et de nombreuses radios du pays refusent de le passer à l’antenne.

Un autre morceau comme Anti Love Song illustre à quel point elle demeure rétive à toute forme de romantisme, avec sa voix abrasive, portée par une rythmique minimaliste et des motifs de Rhodes qui rappellent Miles.

Pour la réédition en 2007 de cet album fondamental, le travail du label de Seattle Light In The Attic est exemplaire, des notes de pochette au son glorieusement remasterisé.

Betty Davis
Betty Davis

Dans la même veine, son deuxième album explosif They Say I’m Different, sera trop en avance sur son époque, avec une chanson aussi intense que Shoo-B-Doop and Cop Him, largement samplée par Ice Cube.

Betty Davis fera preuve d’une indépendance artistique totale tout au long de sa carrière éclair. Elle ne cèdera pas aux sirènes disco et disparaîtra d’une scène musicale apparemment fermée à son magnétisme sexuel à l’issue d’un troisième opus, Nasty Gal.

Sources : https://lightintheattic.net – www.musicme.com – https://pitchfork.com – www.lesinrocks.com – https://jack.canalplus.com – http://funku.fr – http://ledeblocnot.blogspot.com

###

CREDITS :

Enregistré entre 1972-1973 au Wally Heider Studios, San Francisco, California – Just Sunshine Records

Laisser un commentaire